Algérie

Omar Azradj en critique


Omar Azradj en critique
Pour l'auteur de « Baouabatou Al Djazaïr », le projet poétique algérien ne peut voir le jour sans une politique culturelle ayant pour but d'ouvrir la littérature algérienne sur le monde, notamment arabe. Invité, mardi dernier, dans le cadre du rendez-vous hebdomadaire, « Rendez-vous avec la poésie », organisé par le ministère de la Culture, le célèbre poète Omar Azradj a regretté l'absence d'écoles littéraires en Algérie, comme cela existe un peu partout dans le monde, en Occident notamment. Pour l'auteur d'« El Djamila taktoul el ouahch », la posture de la poésie algérienne n'a pas dépassé encore son statut de témoin de l'Histoire, sans être parvenue à constituer un courant littéraire.Il explique cet état de fait par le contexte radicalement différent ayant présidé à la naissance et l'évolution du paysage poétique en Algérie. Un contexte marqué, entre autres, par son engagement sans faille dans la lutte contre l'occupation coloniale et toutes les responsabilités y découlant. « Pourquoi après plus de cinquante-quatre ans d'indépendance, nous n'avons pas réussi à fonder ces écoles », s'interroge le poète en se gardant toutefois de parler d'échec, puisque, selon ses dires, la scène littéraire a donné de grands romanciers, de nouvellistes et poètes...Il citera , entre autres, Malek Haddad, « l'Aragon algérien », Lakhdar Essaïhi, Mohamed Dib dont la belle poésie n'a pas suscité l'intérêt qu'elle mérite.La raison, soutient-il, est dans l'absence d'une politique culturelle devant propulser la littérature algérienne sur le devant de la scène internationale, arabe et française notamment.Dépasser le carcan idéologique« Il est bien vrai qu'un demi-siècle de souveraineté n'est pas assez suffisant pour bâtir une gloire littéraire comme cela existe en Inde ou en Angleterre, mais force est d'admettre que la chose culturelle chez nous n'est pas prioritaire », regrette-t-il. Il reproche au ministère de la Culture de ne pas avoir un plan permettant d'ouvrir la culture algérienne sur le monde. Il accuse également l'Union des écrivains algériens, autrefois socle de la littérature algérienne, qui s'est transformé en un agent postal sans aucune influence sur le monde. Pour Omar Azradj, l'échec d'un « projet poétique », thème de cette rencontre, animée par la poétesse Lamiss Saâdi, à la Bibliothèque nationale, à Alger, n'a pas encore vu le jour « parce que le paysage culturel algérien » ne permet pas au créateur de jouir d'une liberté lui permettant de se rebeller contre l'ordre établi, qu'il soit politique, social, culturel, religieux... « Chez nous, il est très difficile pour un poète de s'attaquer aux tabous », explique-t-il. Il a soutenu que la question de l'expérience personnelle reste la seule issue dans la perspective d'une littérature moderne et décomplexée. Pour lui, l'expérience des auteurs amazighophones, arabophones ou francophones n'a pas pu dépasser le carcan idéologique, source et cadre d'inspiration.Par ailleurs, l'invité du « Rendez-vous avec la poésie » a vigoureusement dénoncé l'ostracisme qui frappe la littérature algérienne au Moyen-Orient. « On s'y comporte comme l'ancien colonisateur », non sans reprocher aux acteurs nationaux d'avoir échoué dans la perspective d'une meilleure représentation internationale.




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