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Olivier Py
le directeur du festivalAinsi, pour son 71e rendez-vous, du 6 au 26 juillet, et pour sa 3e mandature, le metteur en scène dirigeant, aura concocté un programme, à son image, culotté, novateur et féministe.«C'est parce que l'oeuvre d'art n'est ni tangible ni matérielle ni vérifiable ni réaliste ni exacte ni véridique ni avérée ni certifiée ni rationnelle, qu'elle dit la vérité. Car les preuves épuisent la vérité la réalité défigure le réel, le sens n'est rien d'autre qu'un espoir», ainsi s'exprimait, en présentant le menu de cette édition, Olivier Py, directeur du festival d'Avignon (qui est au théâtre, ce que Cannes reste au cinéma). Ainsi, pour son 71e rendez-vous, du 6 au 26 juillet, et pour sa 3e mandature, le metteur en scène dirigeant, aura concocté un programme, à son image, culotté, novateur et féministe. D'abord et au chapitre des inédits, il y aura 34 créations sur 41 spectacles. Et 37% des projets seront signés par des femmes, «il n'y a jamais eu autant de femmes», soulignera Py, ajoutant qu'«il y a l'idée d'une résistance qui passe par les femmes, des femmes en lutte contre le patriarcat, contre une loi qui n'a pas de sens, pour revendiquer plus d'humanité, particulièrement chez les femmes africaines, qui est la région du monde invitée au festival, avec sept spectacles».L'Afrique est en effet (après le Moyen-Orient, l'an passé), l'invité d'honneur, cette Afrique subsaharienne sera débarrassée de ses oripeaux dans lesquels on l'affuble, pour ramener à la surface, sur le pavé d'Avignon, le meilleur d'elle-même, son inépuisable veine artistique. Du Burkina Faso, c'est Serge Aimé Coulibaly, qui sera chargé de chorégraphier avec «Kalakuta Republik», l'univers du fantastique et néanmoins fantasque musicien nigérian, Fela Kuti, qui s'inspire de la musique et de sa vie qui sentait le soufre, pas une odeur de mantèque, (comme aurait dit Mohamed Kheireddine, l'écrivain marocain,), artiste engagé, décrété ennemi public numéro un, pourfendeur du régime de l'époque, à Lagos, prédateur comme pas deux, corrompu et corrupteur. Fela sera, jusqu'à la fin de sa vie, mis sous le boisseau et sa musique écoutée en sourdine presque... Le Sud-Africain Boyzie Cekwana, ne jouera pas, pour sa part, une gamme si différente que celle du Burkinabé Coulibaly, en dévoilant la face escamotée du pouvoir post-Apartheid, en Afrique du Sud, The «Last King of Kakfontein», illustrera tout cela dans un spectacle grinçant sur la désillusion de l'après-Apartheid. Dorothée Munyaneza présentera, de son côté, sa nouvelle création «Unwanted», la Britannique d'origine rwandaise visitera l'univers de ces enfants nés de viols pendant le génocide au Rwanda. Léopold Sedar Senghor, le défunt président-poète, sénégalais, sera joué, consécration artistique suprême, à la Cour d'Honneur, ce mythique espace! Ce sera son célèbre poème «Femme noire», un véritable opus musico-théâtral, à l'instigation de la chanteuse Angélique Kidjo, secondée par le comédien Isaach de Bankholé, rejoint par Manu Dibango himself, et Dominic James aussi. Ce sera le spectacle de clôture de cette 71e édition. Quant à l'ouverture, qui sera, comme le veut la tradition, toujours dans cette historique Cour d'Honneur, dans l'enceinte du célèbre Palais des papes. Là, dans la soirée du 6 juillet, une expérience unique sera vécue par les quelque 800 happy few qui auront le ticket, pour venir voir «Antigone» de Sophocle, un plan d'eau inonder la Cour, sur le principe du spectacle du théâtre de marionnettes indonésien...L'auteur de cette mise en scène subaquatique n'est autre que le Japonais Satoshi Miyagi qui avait fait sensation, en 2014, sous la voûte étoilée de la Carrière Boulbon, un «Mahabharata» aussi époustouflant que le premier du genre monté, dans ces mêmes lieux (une carrière désaffectée) par Peter Brook, sur une traduction de Jean-Claude Carrière, en 1989.S'inscrivant dans le droit fil de la tradition du feuilleton quotidien donné tous les midis gratuitement dans un jardin d'Avignon, Olivier Py, a demandé, à la nouvelle égérie de la gauche française, ex-ministre de la Justice, Christiane Taubira, d'écrire «une sorte de grande leçon de démocratie» à partir de textes fondateurs de la conquête des droits». Le feuilleton, joué par des amateurs, des acteurs et des étudiants du Conservatoire, sera mis en scène par Anne-Marie Liégeois sous le titre «On aura tout». Il y aura aussi de la danse contemporaine poussée vers les extrêmes par des compagnies qui défieront la toute fraîche brise provençale aussi bien les spectateurs les plus prudes... Ce public, ce spectateur qui, pour Olivier Py, restera, «un être d'engagement, ouvert, tourné vers l'inconnu, patient, il ne dicte pas à l'art sa parole. Il ne présume pas de ce qui est beau, il écoute en lui un fracas émotionnel vital. S'il est turbulent c'est au nom de la fraternité, s'il est excessif c'est au nom de la liberté, s'il est exigeant c'est au nom de l'égalité»... Rendez-vous donc le 6 juillet prochain, à l'ombre des platanes et au son des grillons...
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