Algérie

«Nous visons à développer des pôles d'excellence pour être compétitifs» Ahmed Benabdelhadi. Directeur général de l'artisanat au ministère du Tourisme et de l'Artisanat


«Nous visons à développer des pôles d'excellence pour être compétitifs»                                    Ahmed Benabdelhadi. Directeur général de l'artisanat au ministère du Tourisme et de l'Artisanat
-Le ministère veut relancer la filière orfèvrerie. Parlez-nous de votre démarche'
Nous visons à réorganiser les activités artisanales en filières d'activité. Cela a demandé d'abord une monographie des activités au niveau national, d'autant plus que nous avons constaté un nombre important de gens qui travaillent dans l'informel dans ce secteur. Puis nous sommes partis sur une autre étape, celle d'intéresser d'abord les gens à réintégrer le circuit régulier, en faisant adopter par le gouvernement deux fois de suite, dans la loi de Finances, la réduction du prix du poinçonnage. Lorsque le prix du poinçon est devenu abordable, c'est qu'il y a d'abord une maîtrise de la qualité du produit, une adhésion plus importante des professionnels. Ce sont là, les orientations au début.
Ensuite, il fallait organiser les gens en associations et, à partir de là, il y a eu une série de salons qui ont été organisés et nous avons initié les gens à prendre, eux-mêmes, en charge leurs revendications et l'administration n'est là que pour les accompagner. A partir de là, il y a eu la notion de création de cluster, ce qu'on appelle les systèmes productifs locaux, territoires des filières dominantes, à l'effet d'organiser ces filières au niveau local, mais avec des ramifications avec l'ensemble des secteurs : la formation professionnelle, parce qu'il y a des actes de formation, la recherche scientifique parce qu'il s'agit de l'intervention de l'université, l'intervention des autorités locales en matière d'encadrement, d'encouragement, d'octroi de locaux, etc., et puis l'accompagnement de l'Union européenne, d'experts nationaux et d'experts de l'UE.
Ce n'est pas à l'administration de dire, on doit développer l'orfèvrerieà Batna, mais c'est aux gens de la filière de demander à être accompagnés, c'est déjà la première phase. Actuellement, nous en sommes à la deuxième phase, celle de passer au label de qualité au niveau de l'or essentiellement et de la bijouterie en général, avec une expertise de l'UE en plus de la marque algérienne Tedj. En parallèle, un travail s'est fait déjà avec Agenor pour mettre à la disposition des artisans la matière première, notamment l'or et l'argent, donc organisation du circuit d'approvisionnement.
La troisième phase, elle, est la création de ce tissu d'infrastructures au niveau local, ce qu'on appelle les maisons de l'artisanat, pour que les artisans viennent se regrouper, se former, travailler ensemble et puis exposer et même produire et vendre. Ce projet accuse un retard au niveau de Batna. A l'issue de cette démarche, il est devenu important d'encadrer trois grandes filières : la céramique et la poterie au niveau de Tipasa avec l'aide des Espagnols, les matières semi-précieuses au niveau de Tamanrasset avec les Brésiliens et ici, avec l'UE, nous sommes dans cette filière de l'orfèvrerie et donc à Batna, cela sera un Centre technique de l'orfèvrerie.
-Techniquement'
Techniquement, cela veut dire que ce sera un centre qui prendra en charge toute la filière, en matière première, en formation, en organisation des artisans, en recherche et voir aussi quelles sont les possibilités d'échanges au niveau international. Des Espagnols, des Français, des Iraniens sont pressentis pour être partenaires de ce centre lorsqu'il sera opérationnel. Voilà un peu les grandes lignes. Maintenant pour Tamanrasset, nous avons bien avancé avec les Brésiliens, puisque nous avons déjà commencé en septembre les formations. Pour Tipasa, les Espagnols ont terminé la préparation des maîtres-formateurs, des Algériens qui ont été formés en Espagne. Nous sommes en train d'accompagner environ 150 artisans dans la filière poterie et céramique, et il y a même un comité technico-pédagogique animé par des Espagnols et des Algériens qui travaillent avec l'ensemble des établissements intéressés par ce projet.
-On voit aussi que le marché est dominé par les bijoux importés'
A notre niveau, nous n'avons pas d'idées ou de chiffres de ce commerce. Nous nous occupons de l'artisanat et des artisans de ces métiers et vous savez que depuis dix ans il y a un nouveau programme. Depuis la relance, nous sommes sur plusieurs chantiers : la mise à niveau, normalisation, formation, création d'infrastructures, création d'un tissu d'accompagnement, donc il y a pas mal de dossiers.
-Accusons-nous du retard par rapport à nos voisins '
Dans les métiers d'artisanat et en matière d'organisation, nos voisins eux-mêmes le disent, nous sommes meilleurs. Ils ont calqué leur organisation sur le système français qui a montré ses limites. Nous, nous avons eu l'expérience brésilienne, allemande, française, espagnole, et nous constatons que les Brésiliens sont plus performants dans ce domaine d'activité et surtout en matière d'intégration d'artisans, ils avaient huit millions d'artisans informels au Brésil, maintenant tous travaillent dans le circuit légal.
-Quel serait l'impact économique de cette stratégie '
Nous avons la matière première fournie par les mines du Sud. Il y a une demande internationale qui est très importante et, surtout, nous avons une jeunesse qui aspire à travailler dans ces nouveaux métiers, nous avons aussi l'apport de l'UE en matière de label de qualité, de normes de travail, etc. Bref, on vise le développement des pôles d'excellence pour être compétitifs sur le marché.


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