Algérie - Actualité littéraire

Note de lecture, Les ruses d’un maire colon, roman de Djebbar Abid : un lieu de mémoire partagée


Note de lecture, Les ruses d’un maire colon, roman de Djebbar Abid : un lieu de mémoire partagée
Abid Djebbar, l’auteur de ce roman était encore un enfant durant la guerre de Libération, les faits narrés dans son livre considérés comme un pan de la mémoire vivante de la lutte de Libération nationale dans cette région de l’Oranie qu’il ne cite pas nommément. Toutefois les faits relatés relève d’une compétence pédagogique propre à un enseignant, et c’est le cas puisque Djebbar était enseignant dans le collège et c’était un passionné de la lecture et de l’écriture. Aujourd’hui, retraité de l’Education nationale, il est versé carrément dans l’écriture et il est à son deuxième ouvrage car il a déjà édité un essai intitulé Tranche d’histoire de Fortassa, sa ville natale qui s’appelle aujourd’hui Oued El Abtal, dans la wilaya de Mascara.

La population exsangue par l’effort de guerre qui lui a été imposée, était en proie à la famine et au désespoir. Il nous fait vivre ces scènes avec des yeux d’enfant. L’auteur à travers cette mémorisation de faits de la guerre d'indépendance nous renvoie à un lieu de mémoire partagée dans la société perpétué à travers les époques et évoque dans d’autres passages également une forme aussi d’oubli partagé en ce qui concerne certains épisodes de cette guerre, voire même de la période d'avant et d'après la guerre. Ce nouveau roman qui a aussi un aspect historique en ce sens qu’il relate des faits réels d’un maire français qui a vécu durant la colonisation française en Algérie dans une paisible localité dans la région oranaise.
Le style narratif avec ses péripéties commence par une situation initiale, ensuite le déroulement des événements et la situation finale se retrouvent dans cette chronologie de faits réels recueillis vraisemblablement à partir de témoignages de personnes ayant vécu cette période coloniale. Cette personnalité indique l’auteur c'est-à-dire le maire de ce village dont l’on ignore le nom avait l’air d’être plus sociable car il entretenait de bons rapports avec les habitants, très confiant et proche des Arabes par rapport aux autres franges de la communauté de colons qui était composée de Français, Italiens, Espagnols, et Juifs. Et par la manière de sa maîtrise de la langue dialectale arabe parlée et son rapprochement aux autochtones il aspirait à devenir un grand commerçant céréalier et éleveur de bétail avant qu’il remporterait haut la main le poste de maire du village. Les séquences du déroulement des événements scindés en 15 chapitres, du début jusqu’à la fin de cette histoire ou la narration se mêle aux dialogues nous font revivre l’épilogue de cette histoire en passant par les différentes péripéties qui nous plongent dans le fil de ces actualités entre les événements anecdotiques dans cette œuvre ou l’histoire de ce maire pas comme les autres. Le personnage principal de cette histoire tente dans un premier temps de gagner la confiance et le respect d’autrui et ce colon devint finalement maire de cette bourgade. La notoriété du maire prend de l’ampleur et ses attitudes sont mises à l’index par la population. Le maire réussit son pari pour dicter ses lois, il défie ses acolytes. L’apparition des deux jeunes filles orphelines donne une autre tournure à l’histoire. La fin fatale de la jeune fille «K», son dernier jugement, la vengeance de «Z», l’indifférence de la jeune ouvrière et ses défis, sont des chapitres qui explorent une autre dimension de cette époque. Le départ des colons lorsque l’heure de la délivrance et de l’indépendance, les souffrances de «M», son admission à l’hôpital de Relizane, et sa mort. La suite des événements dans cette histoire est logique formant un tout cohérent ave le début de l’histoire dans un style limpide et simple, le dénouement, les actions font apparaitre la chronologie de l’histoire, un récit clair et compréhensible. Ce qui attire notre attention c’est le fait que cet auteur met sous forme écrite une forme de la littérature orale.
Autrement dit, il s’agit, ici, de montrer comment Abid Djebbar a excellé tantôt comme un conteur traditionnel, en ce sens que le style de narration dans ce roman s’y apparente beaucoup tantôt comme un griot plutôt qu’un romancier et c’est tout à l’honneur de cet écrivain en herbe qui aime écrire et relater des faits ou parfois l’imagination dépasse la réalité. Dans son roman, il n’a cessé de divertir le lecteur à travers un certain humour qui captive l’attention dans sa narration. La mise en scène du personnage principal qu’est ce maire colon a pour effet de désacraliser la notion d’autorité qui est remise en cause, comme l’est la notion de «sens caché» qui renvoie à l’intention de l’auteur, soit ce qu’il a voulu écrire. Cependant la particularité de ce style a son intérêt dans le champ de la critique comme le montre toute la genèse du texte. Par ailleurs, la notion de «fonction-auteur», qui englobe tout ce qui vient de l’auteur amplifie «l’effet-auteur» à savoir ce que apporte l’écrivain dans ce livre par l'imagination débordante de faits réels narrés dans ce roman de notre ami, correspondant de presse dans un quotidien d'expression française.

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