Algérie

Monde Arabe: l'accommodation avec les islamistes inverse une politique américaine de longue date


Alors que le mouvement des «Frères musulmans» est sur le point de décrocher la majorité au Parlement égyptien, l'Administration de Barack Obama a commencé à inverser la politique américaine faite de méfiance et d'hostilité, depuis des décennies, à l'encontre des islamistes, souligne mercredi le quotidien New York Times.
Cherchant à forger des liens plus étroits avec une organisation autrefois considérée comme irrémédiablement opposée aux intérêts américains, cette politique d'ouverture du gouvernement américain, consacrée notamment par la tenue de réunions de haut niveau ces dernières semaines, «constitue un tournant historique dans la politique étrangère suivie par les administrations américaines successives qui soutenaient fermement le gouvernement autocratique du président Hosni Moubarak, en partie par souci de l'idéologie islamiste des Frères musulmans».
Ce changement est «une reconnaissance de la nouvelle réalité politique, en Egypte et dans la région, sur l'avènement des groupes islamistes au pouvoir, et reflète aussi l'acceptation croissante des Etats-Unis des assurances réitérées par les Frères musulmans selon lesquels leurs parlementaires veulent construire une démocratie moderne qui respecte les libertés individuelles, l'économie de marché et les engagements internationaux, y compris les traités de l'Egypte avec Israël», note le quotidien new yorkais.
Cette nouvelle politique américaine souligne également la frustration croissante de Washington vis-à-vis des dirigeants militaires égyptiens qui ont cherché à préserver, d'une manière permanente, des pouvoirs politiques et à utiliser la force meurtrière contre des manifestants qui réclamaient la fin de leur règne, poursuit le journal.
L'administration américaine, cependant, a aussi cherché à préserver ses liens profonds avec la junte militaire qui a joué le rôle du gardien potentiel du caractère séculier de leur Etat, relève le journal.
Selon un haut responsable américain impliqué dans l'élaboration de cette nouvelle politique américaine et s'exprimant sous l'anonymat, «il serait totalement irréaliste de ne pas s'engager avec les Frères musulmans en raison de la sécurité américaine et des intérêts régionaux en Egypte».
Certaines personnes qui sont proches de l'administration américaine ont même considéré cette relation américaine naissante avec les Frères musulmans comme une première étape vers un modèle qui pourrait prendre forme avec les partis islamistes au pouvoir dans la région à la suite des soulèvements populaires de l'année dernière.
Les islamistes ont pris des rôles importants au Maroc, en Libye, en Tunisie et en Egypte en moins d'un an, observe le New York Times.
Pour le président démocrate de la Commission des relations étrangères au Sénat américain, John Kerry, «les Etats-Unis ont besoin de faire face à cette nouvelle réalité et ont besoin de renforcer leur jeu».
Les dirigeants des Frères musulmans, pour leur part, déclarent souvent publiquement leur empressement d'avoir des relations de coopération «d'égal à égal» avec les Etats-Unis.
Ils ont renoncé à la violence comme outil politique et, au fil des ans, plusieurs de leurs dirigeants ont déclaré qu'ils étaient devenus à l'aise avec la démocratie électorale multipartite.
Certains analystes, cependant, affirment que cette ouverture des Etats-Unis aux islamistes équivaut à un aveu tacite selon lequel Washington aurait dû adopter depuis longtemps cette politique à l'égard de l'opposition islamiste dans la région.
Le directeur de recherche au Centre Brookings de Doha (Qatar), Shadi Hamid, fait valoir que les Etats-Unis ont eu des occasions manquées pour établir, plus tôt, des liens avec des islamistes modérés.
Quand le président déchu égyptien, Hosni Moubarak, avait emprisonné des milliers de membres de cette confrérie en 2005 et 2006, cette organisation avait tendu la main à Washington pour la sensibiliser.
«Maintenant les Frères musulmans savent qu'ils sont en position de force et il apparaît presque que le gouvernement américain les courtise alors qu'eux se la coulent douce», selon Shadi Hamid.
Et d'ajouter: «Que peuvent faire les Etats-Unis' Intervenir et changer les résultats des élections' La seule alternative (pour les contrer) est d'être, donc, contre la démocratie dans la région».
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