Algérie - A la une


Mohamed Boumaali
Les plaies de Mohamed Boumaali, 55 ans, ne se sont pas refermées 18 ans après l'assassinat de sa fille Dalila, à l'âge de 13 ans, dans un attentat à la bombe artisanale qui le visait, lui, et son père El Mekhfi, ancien chef des Patriotes à Ben Achour (Blida), une région dite «libérée» par les islamistes.Si Mohamed était la cible des terroristes, c'est parce qu'il travaillait dans la 1re Région militaire comme technicien supérieur en mécanique, avant qu'il ne soit démis de ses fonctions pour une histoire de pièces de rechange. Il divorce et fuit l'Algérie pour la Libye, où il passe quelques années. Rentré au pays, il se débrouille comme il peut pour survivre et préserver sa dignité. «Mon combat était en Algérie. Je n'ai pu résister plus longtemps en Libye, où j'avais pourtant une situation confortable, avoue Mohamed.En Algérie, je travaille dans la maçonnerie et la mécanique auto et je milite pour que les terroristes assassins soient tous jugés.» Difficile d'aborder la question de la réconciliation avec lui ; dès que le sujet est évoqué, Mohamed s'emporte : «Les islamistes se soignent à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja et achètent des usines et des maisons. Ils ont même été réintégrés dans leur ancien poste de travail. Que voulez-que je dise de plus 'Nous avons été trahis par le pouvoir, qui consulte aujourd'hui les ennemis d'hier pour discuter de l'avenir de l'Algérie.» Que l'Etat propose une indemnisation aux familles des victimes ? ce que prévoit la charte pour la paix et la réconciliation nationale ? Mohamed ne veut pas en entendre parler. «Nous ne nous sommes pas sacrifiés pour des tomates ou des pommes de terre. Nous avons été humiliés par cette réconciliation.Aujourd'hui, nous revendiquons un statut qui nous protégera, ce que l'Etat refuse», s'indigne-t-il. «J'ai besoin d'un travail et d'une maison pour mes enfants. Mais y a-t-il quelqu'un pour m'écouter '» Et de s'interroger : «Comment l'Etat s'est-il permis de réintégrer dans la société des terroristes qui ont assassiné nos enfants, coulé l'économie nationale et ruiné le pays pendant plus d'une décennie '» Visiblement, la réconciliation est loin de convaincre Mohamed de tourner la page. «Je ne pardonnerai ni aux islamistes ni au pouvoir. Seule la justice me réconfortera.»







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