Algérie

Mascara



Un patrimoine ravagé par la gabegie Cité antique et historique de premier plan dans le Maghreb central, Mascara a perdu l’essentiel de son patrimoine en moins de trente années. De nombreux monuments et œuvres jalonnant les périodes historiques que la ville a traversées ont disparu à cause de la malveillance de responsables dont les préoccupations étaient bien loin de l’art et la culture. La dégradation majeure que Mascara a subie est la démolition des remparts qui ceinturaient la ville et datant de l’époque des Ottomans. Conçue dans une logique de protection contre l’ennemi, la muraille et ses cinq portes -Bab Dzaier, Bab Tiaret, Bab Wahran, Bab Ali et Bab El Argoub- qui donnaient accès au cœur de la cité, ont été démolies, systématiquement et patiemment. Et même si une partie - celle qui reliait les deux saints, Sidi Mohamed Boudjellel et Sidi Mohamed Benamar- a été détruite du temps de la colonisation, le plus gros a été dévasté au lendemain de l’Indépendance. Selon les citoyens de la ville, des pans entier ont été démolis et la pierre a servi à la construction de maisons de particuliers au vu et au su de tout le monde et en toute impunité. Il y a également la statue d’El Khadem -»La négresse» que les aînés parmi les Mascaréens connaissent. Cette statue représente une négresse a moitié nue portant dans sa main droite un rameau, tenant un enfant à sa poitrine avec sa main gauche et lui donnant le sein et ayant un autre enfant allongé à ses pieds. Cette œuvre a été érigée par l’administration coloniale sur l’ancienne place Gambetta, aujourd’hui place Emir Abdelkader, avant d’être transférée au jardin Pasteur avant de disparaître à jamais. Mais qui est «La négresse» et que représente-t-elle pour Mascara? Quelques anciennes photos montrent la statue avec l’inscription «Amour endormi». Mais c’est Si Ahmed Walid qui nous donne un premier récit: «La statue de la négresse était sur la place publique. C’est une princesse camerounaise qui a rendu visite à Mascara, juste après son occupation par l’armée coloniale. Lors de sa promenade à travers les rues de la ville, un Algérien lui crache dessus. Il sera exécuté et en guise de réparation pour cet outrage, l’administration coloniale érige sa statue en plein centre de la ville européenne. Un second récit, celui de Si Bachir, propose une version plus plausible: «El Khadem», disait mon père, représente une Camerounaise. Elle a été installée sur la place pour figurer la Liberté par le rameau qu’elle tenait à la main et ses deux enfants incarnaient la rencontre des peuples. C’est aussi et surtout la reconnaissance de la colonisation en direction de la Légion étrangère qui se trouvait à Mascara, composée dans sa majorité de Camerounais et de Sénégalais. La statue «El Khadem», en bronze rouge, a disparu depuis 1986 en même temps que les deux cloches en bronze de l’Eglise, la statue du Christ, les fresques de l’Eglise, celles du théâtre communal, ainsi que le bois d’une grande qualité provenant de la décoration de l’Eglise. Certaines personnes affirment que ces objets furent vendus à l’étranger, d’autres disent qu’ils sont cachés chez des individus qui ont assumé des responsabilités dans la ville. Pour être fixé davantage, la Voix de l’Oranie a approché M.Bedaï ,le maire de Mascara. Sa réponse est sans équivoque: «je ne sais rien de tout ce que vous dite, sauf que dans le magasin municipal il y a une fresque en toile qui vient de l’Eglise ou du théâtre, pour le reste j’ignore tout». Pour rappel, les vestiges de la colonisation, comme le buste du sinistre général Foch à la place Mogador et le soldat inconnu sur la place de l’Eglise, ont été rapatriés par les services consulaires vers la France, le premier dans les environs de Toulouse, le second à Saint Raphaël.



Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)