Algérie

Marchés en folie


Ce n'est pas la crise financière internationale et seséventuelles retombées sur la santé économique et financière de son pays quipréoccupent présentement au premier chef le citoyen algérien lambda. Plutôt quece qui se passe dans les places boursières du monde, c'est le coup de foliedont sont atteints nos marchés locaux au sortir du mois de Ramadhan, quifocalise et avive ses craintes.

Et pour cause, tout ou presque de ce qui se commercialiseen ces lieux voit ses prix être majorés du jour au lendemain dans desfourchettes qui rendent vaine toute tentative d'explication rationnelle, demême que leur justification par la logique de la loi du marché. Sauf àconsidérer que la loi du marché équivaut à la loi de la jungle.

A quelques jours de la fin du mois de Ramadhan, dans cettemême rubrique, nous nous sommes inscrits en faux contre les assurancesoptimistes délivrées par les autorités donnant à croire aux citoyens que laflambée des prix à laquelle ils sont confrontés durant la période du mois deRamadhan sera conjoncturelle, car nourrie par la demande exceptionnelle qui s'yexprime traditionnellement.

Le Ramadhan est pourtant fini et, alors même que la demandedont il augmente l'ampleur avait nettement fléchi en sa dernière semaine, lamercuriale continue de grimper. Pour «justifier» cette situation, l'on nousexplique qu'elle est due à l'insuffisance des approvisionnements des marchés àcause de la fête de l'Aïd.

Tout comme l'explication de la flambée inflationniste quiembrase nos marchés par la seule augmentation des prix des produitsalimentaires importés est partielle, celle de l'insuffisance conjoncturelle desapprovisionnements l'est tout autant. Ce qui amplifie chez nous la hausse desprix, ce sont les pratiques spéculatives qui se donnent libre cours enl'absence de toute régulation et de contrôle étatiques. L'on nous rétorquera, bienentendu, que c'est là la «réalité» de la liberté du marché avec laquelle lecitoyen consommateur doit faire. Mais cette «réalité» impose-t-elle que celui-cisoit laissé à la totale merci de prédateurs, qui par ailleurs trompent etgrugent les institutions fiscales de l'Etat ?

Le directeur général de la Banque d'Algérie a estiméque le taux d'inflation a atteint 4,4% à la fin du mois de juillet. Ce chiffre,déjà contestable pour la période indiquée, ne reflète assurément plus la véritéen terme de taux pour la hausse qui s'est manifestée depuis.

Pour ce même responsable, la montée de l'inflation en 2008pourrait produire un véritable «choc» quant à la stabilité des prix à moyenterme. A ce que l'on doit comprendre avec cet argument, c'est qu'il faut«laisser faire» jusqu'à ce que le citoyen soit obligé de réduire lui-même saconsommation, faute d'un pouvoir d'achat suffisant. Ce qui provoquerait ainsila baisse des prix à l'offre.

Avec cette vision, nos spéculateurs ont assurément de beauxjours devant eux. A moins que leurs victimes, pour démontrer la justesse dupoint de vue du directeur général de la Banque d'Algérie, cessent d'acheter les raresproduits que leur permet leur porte-monnaie extraplatet assument le risque de périr par inanition.




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