Algérie

Manuels scolaires tronqués



Des erreurs à répétition Il doit être fatigué notre ministre de l?Education nationale à force d?avoir à répondre à la même question à chaque rencontre avec la presse : « Monsieur le ministre, il y a des erreurs dans certains livres scolaires... Pourquoi et que comptez-vous faire ? » Depuis trois années, chaque rentrée scolaire accueille de nouvelles moutures de manuels. Et toujours la même hantise des parents et des enseignants relayée par le monde de la presse. Il est bien vrai que confronté à la réalité - il le reconnaît lui-même - M. Benbouzid tente de rassurer. Il incrimine les erreurs de saisie et parfois la pression générée par les échéances. Jamais n?ont été évoquées deux raisons majeures : La première est liée au délicat problème de la traduction des concepts scientifiques du français vers l?arabe. La majorité des concepteurs de programmes et de manuels sont de formation francophone à l?origine. Il est tout à fait normal qu?ils pensent et réfléchissent en français avant de rédiger en arabe. D?où les confusions et les méprises dans la traduction. Ce problème épineux a été soulevé par le défunt Mohamed Benaïssa, physicien et ancien cadre au MEN, dans une remarquable étude réalisée vers la fin des années 1990. Il a levé le voile sur les ouvrages et les épreuves du bac en physique truffés d?erreurs et de confusion de concepts. Preuves à l?appui, il en a dressé un listing. Cette étude n?a pas eu d?impact ; à moins qu?elle soit passée inaperçue. La deuxième raison réside dans le non-respect des normes universelles en matière d?introduction de toute nouveauté en milieu scolaire - un manuel ou une innovation pédagogique. Elle (l?introduction) doit subir un traitement préalable, dont une phase d?expérimentation-évaluation à des fins de validation (ou d?invalidation). Cette précaution est la seule à empêcher l?apparition des désagréments. Parmi ces derniers, il n?y a pas que les erreurs. Loin s?en faut ! Le manuel scolaire, c?est aussi une approche méthodologique par laquelle l?enseignant amène son élève à comprendre et à assimiler la leçon. La validation de cette approche se réalise dans un temps donné que détermine la phase d?expérimentation in vivo, dans des classes pilotes. Cette phase incontournable consiste à affiner le produit avant son lancement. Les concepteurs, les évaluateurs et les praticiens sur le terrain traquent l?erreur, l?anomalie. Ils se mettent à tester les différentes activités proposées dans le manuel. Ils iront jusqu?à évaluer l?impact de sa présentation technique : couleurs, iconographie, caractères d?impression. Une fois ce traitement correctif bouclé, l?ouvrage est déclaré « bon pour le service ». Au bas mot une douzaine de mois. Ce délai et cette phase expérimentale ont-ils été respectés ? Cette question n?a jamais été posée aux officiels. Elle est pourtant la seule à nous éclairer sur les origines de ces erreurs à répétition constatées depuis l?avènement des manuels de la réforme. Un inspecteur de discipline qui a requis l?anonymat nous a affirmé : « Les délais étaient très courts, quatre à cinq mois. Et nous n?avons pas expérimenté sur le terrain. »Dans sa dernière sortie sur les ondes de la Chaîne III, le ministre de l?Education nationale nous a appris le retrait du livre d?arabe et de sciences du circuit primaire. A voir tant de « ratages » dans les recoins les plus sensibles et les plus fragiles du dispositif pédagogique, l?observateur serait tenté de conclure à un excès de précipitation dans le processus de mise en ?uvre de la réforme. Et si l?on faisait une halte pour examiner la pertinence de ce processus et des contenus des dossiers ouverts à ce jour ? A l?évidence, l?urgence est manifeste quant à la mise en place de l?observatoire d?évaluation et de suivi comme il est recommandé par la commission Benzaghou. Cette structure devait - en principe - voir le jour avant le lancement des doseurs de la réforme. Elle aurait pour mission d?ausculter le malade au jour le jour, et à se prononcer sur les prescriptions médicamenteuses délivrées par le médecin en chef qu?est le MEN. A quand cet Observatoire ?   ahmtessa@yahoo.fr
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)