Algérie

Maghnia : Augmentation des prix du lait et du pain



Le vent de la subvention pour le soutien des produits de première nécessité, tels le pain et le lait, décidée récemment par les pouvoirs publics, déclarée en grande pompe et rapportée par tous les médias, ne semble pas avoir soufflé sur la région extrême ouest du pays.

Au lendemain de la flambée des prix des produits maraîchers et alimentaires que le citoyen a vécue au cours du mois passé, le prix du lait a étrangement connu un bond de 12,5%.

La surprise était de taille chez le citoyen qui se voit au lendemain de l'Aïd payer son sachet de lait à 45 dinars. La grogne est perceptible chez le consommateur qui n'arrive pas à comprendre le grand écart entre les prix subventionnés officiellement fixés, principalement ceux du lait et du pain, et ceux pratiqués par les opérateurs. Selon le transformateur de lait local, le prix du lait fixé par le gouvernement ne concerne que le lait à base de poudre, alors que celui cédé au consommateur à 45 dinars est un lait de vache cru traité, qui n'est pas plafonné et qui est régi par la seule loi de la concurrence. «Il ne doit y avoir aucune raison pour libérer le prix du lait dit cru, car celui-ci est également soutenu par l'Etat. Aussi bien le transformateur, le collecteur que le producteur perçoivent une subvention pour chaque litre, en plus des vaches laitières qui leur sont importées par l'Etat», dira ce consommateur très fâché. Il estime que cette situation est particulière à la région frontalière. Avant d'argumenter: «N'est-il pas étrange que ce produit soit disponible en quantité suffisante de l'autre côté de la frontière, alors qu'il est écoulé localement sous le manteau durant ce ramadhan ?

En effet, le lait de vache, très prisé par le consommateur local, a connu une réelle pénurie en ce ramadhan, à tel point qu'il était cédé au marché parallèle à 60 dinars. Ceci revient, dira le propriétaire de la minilaiterie locale, à une production qui a chuté de 16.000 litres à 10.000 litres à cause des prix élevés des aliments de bétail. Le consommateur trouve donc le prix de 45 dinars le litre excessivement élevé. Celui-ci entraîne dans son sillage la hausse du prix du lait à base de poudre qui a tendance à s'y aligner plutôt que de se conformer au prix officiel. «Pourquoi dans toute la région extrême ouest, le consommateur ne trouve pas dans le commerce le lait au prix officiel comme partout ailleurs ?», se demande ce citoyen de Marsa Ben Mhidi, lequel dit défier quiconque de trouver un litre de lait à moins de 30 dinars à 90 km à la ronde.

Pour le consommateur, rien ne justifie cette augmentation, encore moins la qualité à cause de la teneur en graisse qui est franchement aléatoire. «Il n'y a qu'à lire la composition du lait de vache local sur le sachet pour comprendre que la qualité est le dernier souci du transformateur», dira outré ce consommateur, lequel nous tend le sachet avec pour toute indication en face de la composition: lait de vache.

Par ailleurs, la hausse du pain se maintient à 33% par rapport au prix officiel qui est de 7,50 dinars. Le consommateur, à de rares exceptions près, paie toujours sa baguette à 10 dinars, voire plus, quand on sait qu'un pain traditionnel de 300 g est cédé à 20 dinars.

Ainsi, malgré tous les efforts consentis pour le maintien des prix de ces produits à 7,50 et 25 dinars et pour lesquels des milliards ont été mobilisés, sur le terrain rien ne semble être fait pour l'application des prix légaux. En dehors des brigades des services du commerce, dont l'effectif est vraiment dérisoire devant un phénomène qui s'est carrément généralisé, aucun autre service ne semble être concerné par le phénomène, au grand désarroi de la population de la région ouest, notamment les modestes bourses.

Ce n'est ici malheureusement pas une flambée ponctuelle due, comme dans toutes les régions du pays, à la forte demande engendrée par le mois de carême, mais c'est quasiment en permanence que le citoyen maghnaoui subit celle-ci, laquelle ne cesse d'éroder son pouvoir d'achat.

«Maghnia est sans conteste la commune la plus chère au niveau national», dira outré ce fonctionnaire, qui déclare par ailleurs que le citoyen dans la région extrême ouest, qui englobe les daïras de Maghnia, Bab El-Assa, Marsat Ben M'hidi, Ghazaouet et Nedroma, souffre en silence de la cherté des produits alimentaires de base, situation qui continue toujours de profiter à certains commerçants véreux. La déclaration obligatoire pour toute marchandise introduite dans la zone de douane (passavant), avancée par le passé par les commerçants, est un faux argument car celle-ci n'est plus exigée.

Le pouvoir d'achat du citoyen de l'extrême ouest croule sous la spéculation et le consommateur se retrouve le dindon de la farce d'une situation ambiguë. Celle-ci est en fait engendrée, d'une part, par les prix gonflés par les grossistes qui justifient ceci par les frais de transport et le «passavant», accentuée par les détaillants qui marquent un appoint pour rattraper leur marge bénéficiaire, et le non moins important fléau de la contrebande qui est pour beaucoup dans cette situation qui devient de plus en plus inquiétante pour le consommateur.

En effet, les tonnes de marchandises qui vont illicitement de l'autre côté de la frontière créent inévitablement la rareté et par conséquent la spéculation qui se répercute négativement sur son pouvoir d'achat. Selon les premières estimations, le citoyen de l'extrême ouest paie les produits de consommation en moyenne 8% plus cher que celui résidant à l'intérieur du pays. Ce taux est ponctuellement largement dépassé lors du mois de ramadhan, où les prix ont explosé. A titre illustratif, on cite le lait qui a atteint 60 dinars, le navet 90 dinars le kg, la date 500 dinars, le raisin 160 dinars, la sardine 200 dinars.

D'autres produits sont venus s'ajouter à la longue liste des produits dont les prix ont flambé : on cite particulièrement les huiles de moteur. En effet, une perturbation survenue en été à cause, apprend-on, d'une opération d'entretien des moyens de production, a été à l'origine d'une pénurie qui a engendré une hausse du prix qui a dépassé 200 dinars le litre. Malgré la disponibilité actuelle, le prix est toujours maintenu à 200 dinars chez tous les commerces et toutes les stations-services, alors que son prix initial était de 140 dinars.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)