Macron, le retour

Macron est annoncé en Algérie avant la fin de cette année ou début 2019. Même s'il l'avait annoncée lors de son déplacement à Alger en décembre 2017, sa visite ne pouvait pas échapper aux interprétations les plus diverses, ou plutôt son timing qui coïncide avec l'année de la présidentielle. Même si la tournée de Macron ne concernera pas exclusivement notre pays (cinq pays sont au programme dont le Maroc), d'aucuns verront dans ce voyage un quitus pour le cinquième mandat de Bouteflika, une sorte d'adoubement de Paris qui surveille de près ce qui se passe dans son ancienne colonie. D'autres s'aventurent sur un terrain plus glissant, affirmant, sans ambages, que la présence du président français a pour objectif de sonder les forces en puissance et ses escales, lors de cette visite, et surtout ses rendez-vous seront scrutés attentivement.Des hommes qu'il aura à rencontrer, on pourra supputer des intentions de l'Elysée, mais ce qui est certain, c'est que cette visite portera, avant tout, un cachet économique certain car, pragmatique comme il se présente, Macron ne devra pas s'appesantir sur des dossiers à polémique. Le devoir de mémoire, le repentir ou la question sahraouie ne seront certainement pas au centre des priorités de l'homme qui cherche à «déverrouiller» certains dossiers pendants comme le projet de l'usine Peugeot. L'autre enjeu majeur de cette escale algéroise est sans doute la question migratoire mais vue du prisme européen. Si l'Algérie a apposé son niet sur la proposition de Bruxelles d'ouvrir des centres pour réfugiés sur son sol, il n'est pas loin de s'attendre à une nouvelle offensive française à ce propos. En effet, Paris qui a renforcé sa législation pour lutter contre l'immigration clandestine voudra d'Alger un peu plus de volonté à ce propos.
Les autres dossiers qui fâchent seront-ils abordés ou Macron se montrera-t-il plus diplomate que lors de sa première venue ' La question des harkis sera-t-elle au menu, connaissant la légitime allergie algérienne à aborder ce sujet ' La sécurité et la lutte antiterroriste au Sahel seront également, à n'en pas douter, au menu des discussions. Dans tous les cas, la présence de Macron en Algérie ne sera pas gratuite et il est fort à parier qu'elle sera surtout bénéfique aux intérêts français en priorité. Vu la conjoncture politique actuelle en Algérie, tout porte à croire que le moment choisi pour cette visite est tout sauf fortuit et que beaucoup de concessions devront être faites pour se payer l'appui de Paris, en attendant l'arrivée des Américains.