Libye : les «libéraux» vainqueurs aux législatives, sans majorité En attendant le scrutin uninominal

La victoire des libéraux de l'Alliance des forces nationales (AFN), au scrutin législatif du 7 juillet, a été confirmée par les résultats préliminaires complets, annoncés par la Commission électorale. L'AFN a remporté en fait 39 sièges sur les 80 réservés aux partis politiques, au terme de ces premières élections libres en Libye depuis la fin de règne, le 20 octobre 2011, du défunt guide Mouammar Kadhafi qui a duré quatre décennies. Cette victoire des libéraux, conduits par l'ancien Premier ministre du Conseil national de transition (CNT), Mahmoud Jibril, ne leur assure pas la majorité à la future première Assemblée qui aura pour mission principale de préparer la nouvelle Constitution du pays. L'enjeu porte en fait sur les 120 sièges restant qui seront attribués à l'issue d'un scrutin uninominal. Les islamistes du Parti pour la justice et la construction (PJC, Frères musulmans), qui ont n'ont eu que 17 sièges sur 80 mis en jeu, pourraient rebondir mais rien n'est sûr. Outre le poids des libéraux de l'AFN, les «petits» partis à l'ancrage local risquent de leur faire de l'ombre. Ces petits partis qui ont obtenu les 24 sièges restants (sur 80) lors du précédent vote, espèrent aussi renforcer leur position dans le prochain Congrès national général (Parlement) même si l'Alliance des forces nationales (AFN) demeure favorite, selon les analystes. Les libéraux pourraient donc s'allier avec les autres forces politiques pour contrebalancer le poids des islamistes, qui voudraient imposer la loi islamique comme seul mode de gouvernance à la manière saoudienne. La bataille donc pour prétendre au trône demeure toujours engagée et s'annonce rude pour tout le monde. A noter, par ailleurs, que sur les 200 sièges du Congrès 33 femmes ont été élues, soit 16,5% de l'Assemblée. Les résultats ont été annoncés mardi soir, lors d'une cérémonie en présence du Chef du gouvernement Abdelrahim al-Kib et du chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, ainsi que de diplomates et observateurs occidentaux. Depuis le 7 juillet, date du premier scrutin libre du pays, les résultats étaient annoncés quotidiennement et au compte-goutte. Les résultats définitifs seront annoncés dans deux semaines, selon le président de la Commission électorale Nouri al-Abbar. De son côté, le porte-parole intérimaire du gouvernement libyen, Nasser Almana, a affirmé que les Libyens ont «exercé avec succès leur droit de vote», a rapporté l'agence d'information chinoise Xinhua. La campagne électorale s'est déroulée dans une atmosphère trouble marquée par des incidents. Ainsi, un hélicoptère transportant des bulletins de vote a été abattu à Benghazi, tandis que des saccages et des incendies ont eu lieu dans plusieurs villes dans l'est du pays. En outre, près d'une centaine des 1 500 bureaux de vote déployés à travers le pays n'ont pas pu ouvrir pour des raisons de sécurité. Des affrontements armés entre plusieurs groupes, issues de différentes tribus, ont eu lieu durant les jours et les semaines qui ont précédé le vote, faisant des dizaines de morts à travers le pays. Pour rappel, le Conseil national de transition sera remplacé par le Congrès national général de Libye, une assemblée constituante qui sera chargée, entre autres, de superviser le nouveau gouvernement, de rédiger une nouvelle Constitution et d'organiser les élections législatives de l'année prochaine.
L. M/Agences