Algérie

Libre-échange


une autre voie en Amérique latine ? L?Amérique latine est sommée ce week- end de se prononcer sur l?avenir de l?offre du « grand ami » du Nord de relancer les négociations en vue de la création d?une zone de libre-échange des Amériques (ALCA) « qui va de l?Alaska à la Patagonie ». L?affaire est mal engagée pour le président américain George W. Bush. D?abord, le sommet des deux Amériques se déroule à Mar del Plata, en Argentine, le pays qui a connu en 2001 la plus grave crise dans le monde à cause de la dérégulation libérale. La population locale, qui n?a pas oublié et l?a fait savoir durant plusieurs jours de manifestations, rejoint, autour d?un contre- sommet des peuples, les mouvements alter- mondialistes des autres pays de la région. Ensuite, la donne politique a radicalement changé dans l?autre Amérique depuis le début de la décennie 2000. Les gouvernements libéraux et pro-américains de la région ont été balayés électoralement par des populations lassées d?attendre les bons effets « toujours différés » d?un capitalisme « qui sacrifie tout au confort de l?investisseur ». A la place, au Brésil et en Argentine, les deux pays phares de l?Amérique du sud, se dressent les équipes de l?ancien syndicaliste Lula et du péroniste de gauche Kirchner, qui doivent leurs mandats au rejet des politiques de libre marché. D?autres pays, l?Uruguay cette année, la Bolivie l?année dernière ont suivi le même chemin, alors que le retour de balancier est amorcé depuis plus longtemps au Chili. Sur les 34 du sommet de Mar del Plata, les pays les plus importants en dehors de ceux de l?ALENA , l?alliance de libre marché Etats Unis- Canada - Mexique sont gouvernés à gauche, portés par des forces populaires hostiles à l?emprise américaine sous couvert de libre échange. Enfin, face à Bush, il y a désormais Chavez, le président du Venezuela, leader étonnant d?une mise à jour anticapitaliste de la révolution bolivarienne, du nom de Simon Bolivar, le libérateur national de l?Amérique latine au 19e siècle. Peu pris au sérieux à ses débuts, le discours de Chavez a fait des émules dans le continent et au-delà. D?autant qu?il ne s?arrête plus à la parole depuis que le cours du pétrole le lui permet. Bush intervient partout dans le monde pour aider les intérêts des capitalistes locaux liés aux intérêts américains ? Chavez en fait de même avec les mouvements de gauche antilibéraux. Il aide financièrement les mairies tenues par les sandinistes au Nicaragua, vends du pétrole bon marché à Cuba et propose face à la zone de libre- échange un pacte contre la pauvreté dans l?Alternative bolivarienne pour les Amériques (ABLA). Il existe près de 200 millions de pauvres dans la région. Une autre voie - alternative - est elle possible face à la zone de libre-échange favorable de toute évidence aux économies de l?Amérique du Nord ? Pour le premier ministre canadien Paul Martin, les Amériques sont en train de perdre du temps. Le retard dans l?émergence d?un marché unique sur le modèle de l?Union européenne - mais en beaucoup plus grand - « profite aux économies asiatiques qui croissent plus vite ». Vouloir faire de la croissance « à des coûts chinois » avec les ouvriers de la sidérurgie de Sao Bernardino, banlieue ouvrière de Sao Paolo : voilà peut-être pourquoi Martin et son ami Bush vont se retrouver si isolés à Mar del Plata parmi Lula et les autres.
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