Lettre ouverte au président de la République

Monsieur le Président,Au sortir de la guerre de Libération, des Patriotes, des moudjahidine de la première heure, avec le même engagement et la même détermination et, par fidélité au serment de Novembre et aux résolutions du Congrès de la Soummam, se sont vu contraints de poursuivre le combat pour la démocratie et l'Etat de droit, tel qu'énoncé dans l'Appel du Premier Novembre : l'indépendance nationale par la restauration de l'Etat algérien souverain, démocratique et social et le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions.Ces braves militants, ces combattants, contrairement à la propagande inventée et entretenue depuis l'indépendance, n'ont pas pris les armes contre leur pays. Ils ont répondu à l'appel du comité central du FFS historique du 29 septembre 1963 pour s'opposer dignement et loyalement à une orientation politique, à une méthode de gestion et de gouvernance du pays diamétralement opposées à ces deux principes du Serment de Novembre, dès lors que toutes les voies du dialogue leur ont été fermées.Ces hommes dont leur majorité étaient des moudjahidine et qui ont épousé la lutte armée pour l'indépendance de leur pays, contre le joug colonial, ont choisi de poursuivre pacifiquement la lutte pour la démocratisation de notre pays. Cette démocratie pour laquelle, d'autres générations d'Algériennes et d'Algériens patriotes se sont sacrifiés après ! Oui, sans emphase d'aucune sorte, ces militants et ces martyrs de 1963-1965 sont les pionniers du combat pour la démocratie en Algérie. Monsieur le Président, Nos valeureux frères tombés au champ d'honneur entre le 29 septembre 1963 et le 16 juin 1965 méritent tous les honneurs de martyrs pour la liberté et la démocratie et la reconnaissance officielle de la nation. Nous, qui avons eu la chance de survivre et qui jouissons aujourd'hui du droit de nous exprimer librement dans la capitale de notre cher pays, leur chère Algérie, nous nous permettons aujourd'hui de parler en leur nom. Nous nous adressons à vous Monsieur le Président, vous qui saurez regarder notre grande histoire avec le recul et l'objectivité nécessaires et faire, ainsi, honneur à nos frères, morts pour la liberté et la démocratie et aux anciens militants décédés ou encore parmi nous et qui ne se sont jamais départis de leur patriotisme.La décision de rendre justice à ces vaillants militants de 1963, vous en conviendrez, ne fera que renforcer la cohésion nationale, l'unité de notre peuple dans une Algérie une et indivisible car, il n'est pas concevable de parler de réconciliation nationale dans le déni et l'occultation d'événements et de périodes qui font partie de notre histoire et enfouis dans la mémoire collective des Algériennes et Algériens.Monsieur le Président,C'est avec solennité que nous nous adressons à Votre Excellence qui incarnez l'unité nationale, pour vous demander de consolider et confirmer la grandeur de notre République par la promulgation d'un décret présidentiel consacrant les droits moraux et matériels des martyrs, moudjahidine et militants de la liberté et de la démocratie 1963-1965. Comptant sur votre hauteur de vue et avec l'immense espoir que notre appel, qui est aussi celui des familles de nos frères, sera satisfait, nous vous prions d'agréer, Monsieur le président de la République, l'expression de notre profond respect.Gloire à nos martyrs !Vive l'Algérie libre et heureuse ! P/ le Collectif des anciens militants et familles des militants et martyrs de 1963-1965Les représentants par wilaya :? Iguenni Amar, représentant de la wilaya de Bouira? Abane Madjid, représentant de la wilaya de Béjaïa? Amiche Sghir, représentant de la wilaya de Tizi Ouzou? Arab cherif, représentant de la wilaya de Bordj Bou Arréridj? May Mohand Akli, représentant de la wilaya de Sétif? Mme veuve Ourari Djohra née Boucheneb, veuve du martyr Ourari Karim.P/ le Forum socialisteLe porte-parole le député Khaled TazaghartAlger, le 15 juin 2015