Algérie - A la une

Les révélations de l'association Green Tea


Cette problématique nécessite d'engager un sérieux débat et de réunir experts et spécialistes en la matière pour en finir avec les déclarations de haine et le comportement discriminatoire.Dans le but de tordre le cou aux discours stigmatisant la population migrante en Algérie et particulièrement aux voix qui la taxent de vecteur de maladies, le président de l'association nationale Green Tea pour la promotion de la santé et les aides humanitaires, Mohamed Guemmama a révélé des chiffres qui font froid dans le dos. D'après les opérations de dépistage effectuées en 2017, dont le nombre dépassait les
6 000 cas, seulement 5% de migrants sur les personnes dépistées sont atteintes de VIH-Sida, la majorité étant algérienne. Le chiffre donne ainsi matière à réflexion aux tenants du pouvoir qui doivent impérativement revoir leur stratégie de lutte contre cette pandémie et changer de regard vis-à-vis de cette population vulnérable. M. Guemmama, également consultant en santé publique et en questions migratoires, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère quant à cette problématique qui nécessite d'engager un sérieux débat et de réunir experts et spécialistes en la matière autour d'une table pour en finir avec les déclarations de haine et le comportement discriminatoire. Tout en invitant les autorités compétentes à se pencher sérieusement sur la question migratoire et l'ampleur qu'a pris ce phénomène en raison de l'insécurité et la dégradation des conditions de vie dans les pays voisins, le président de Green Tea, deuxième organisation à caractère humanitaire après le Croissant-Rouge algérien, a brossé un tableau peu reluisant de la couverture sanitaire, la qualité des soins et le mode de prise en charge des malades au niveau des établissements de santé publique à Tamanrasset. L'approvisionnement en médicaments et la qualité de suivi et d'évaluation du travail hospitalier ont été remis en cause par ce spécialiste en néphrologie exerçant à l'EPH de la ville. Il a mis en exergue l'importance de capitaliser les ressources humaines en investissant dans la formation des médecins et des praticiens de santé publique. Revenant sur la polémique alimentée par l'aspect obligatoire du service civil dans le Sud, notre interlocuteur estime que cette mesure n'a jamais été une solution pour ce secteur malade. Il a préconisé de revoir la carte sanitaire en Algérie en développant d'autres stratégies communautaires d'accès à la santé et aux soins de qualité, notamment au profit des migrants qui deviennent de plus en plus nombreux dans cette wilaya continent.
Rappelons qu'une étude de situation, ayant ciblé un échantillon de
3 722 personnes de 17 nationalités africaines, a été réalisée par l'association en 2017. Résultats : 67% des personnes questionnées ont quitté leur pays pour chercher du travail.
80% sont des jeunes âgés de moins de 30 ans et 25% sont des universitaires. La même étude montre aussi que 37% de migrants ont choisi Tamanrasset comme destination finale en raison de sa stabilité politique et sécuritaire, mais surtout pour les opportunités d'embauche offertes, la gratuité des soins, la culture d'accueil et d'hospitalité de ses habitants envers ces populations. L'étude, qui a permis de comprendre le phénomène d'immigration et les critères de vulnérabilité, vise ainsi à développer des bonnes méthodes d'intervention en identifiant les itinéraires et les mouvements des migrants, dont le nombre dépasse les 25 000 à Tamanrasset, selon M. Guemmama. "Le phénomène d'immigration est international. Nous essayons de le comprendre parce que le contexte nous l'oblige, notamment à Tamanrasset où se trouve la plus grande concentration de la population migrante en Algérie", a-t-il conclu.
RABAH KARECHE
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