Algérie

Les révélations de l’administrateur provisoire d’El Khalifa Bank




«A ma nomination, il y avait un trou de 300 milliards dans la caisse principale» «Dans la caisse principale de la banque, il y avait un trou de plus de 300 milliards de centimes, dont 292 milliards en monnaie nationale et le reste en devises», a-t-il ajouté. Voilà en substance l’une des déclarations de l’adminis-trateur provisoire de la Khalifa Bank nommé par la Banque d’Algérie en mars 2003, et qui est devenu, entre temps, le P-DG du Crédit populaire algérien (CPA). Après avoir constaté ce trou «j’ai ordonné la création d’une commission d’audition par le biais de laquelle ont été entendus tous les responsables liés à la caisse principale, qui ont reconnu les sommes manquantes», a-t-il poursuivi, en précisant avoir «informé en permanence la Banque d’Algérie». Des anomalies il y en avait à la pelle à entendre ce témoin. Selon lui, les comptes d’El-Khalifa Bank «contenaient des engagements cachés, des crédits cachés sous des comptes d’ordre où il n’y avait pas les noms des bénéficiaires». Pour lui c’était une «façon de maquiller un peu les choses». Le témoin indiquera que par des tours de gymnastique comptable, les registres de la banque «faisaient état d’engagements à hauteur de 10 milliards de DA, alors qu’ils étaient en réalité de 80 milliards de DA, dont 60 milliards de DA» à des sociétés satellites d’El-Khalifa Bank comme Khalifa Aiways. Et pour mieux enfoncer le clou, Djellab dira qu’il n’y a «pas de mouvement de fonds sans écritures comptables, c’est interdit par la loi. Mais ils ont voulu niveler les sommes manquantes dans la caisse principale par des artifices comptables».   D’un autre côté, l’actuel P-DG du CPA a affirmé que Khalifa Bank «ne respectait pas les règles prudentielles dans l’octroi des crédits. Elle a accordé des prêts à des clients non identifiés avec des taux de risque très élevés», a-t-il dit. Comment dans cet état des lieux pouvait-on sauver une telle entreprise complètement à la dérive. Pour le témoin il fallait une somme colossale qui dépasserait les 7.500 miliards. «Il aurait fallu injecter 75 milliards de DA pour reconstituer les fonds d’El Khalifa Bank, rien que pour couvrir ses comptes et, pour la sauver, il fallait davantage». Dans ce cas de figure deux possibilités s’offraient aux décideurs, et le témoin l’a clairement dit à la barre. «Dans mes rapports à la Banque d’Algérie, j’ai dit qu’il y avait deux possibilités: ou bien fermer la banque Khalifa ou alors essayer de la sauver, ce qui aurait été très lourd, vu les sommes qu’il aurait fallu injecter». La présidente appellera ensuite un autre témoin à la barre. Yousfi Benyoucef, inspecteur au sein d’El Khalifa Bank. Comme il fallait s’y attendre celui-ci a indiqué qu’il avait constaté des «anomalies» et des «déficits en dinars et en devises» dans toutes les agences qu’il avait inspectées, depuis 1999. Il a cité l’exemple de l’agence Hilton, où il a découvert un déficit de 400 millions de DA, ajoutant que des «crédits à blanc», c’est-à-dire sans garanties, étaient octroyés. «J’ai demandé d’inspecter la caisse principale, j’ai eu l’accord du DG de la banque de l’époque, Lazhar Alloui, qui est, par la suite, mort. «Quand j’ai envoyé l’équipe d’inspection, elle a été empêchée de faire son travail. Le DG les a appelé personnellement par téléphone et leur a demandé de rebrousser chemin». Allant plus loin dans ses «confessions», le témoin dira qu’il a été menacé par Kebbache Ghazi, l’oncle de Abdelmoumène Khalifa. «Tu cherches trop à comprendre. Fais attention à toi, les accidents ça arrive».
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