Les Projets Financés par le Programme de l’Économie Sociale et Solidaire en Algérie : Un Aperçu Concret

En 2025, le programme « L’économie sociale et solidaire au service de l’inclusion économique durable des jeunes entrepreneurs en Algérie », soutenu par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, l’Union européenne (UE) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), marque une étape clé dans la promotion de l’économie sociale et solidaire (ESS) en Algérie. Lancé en janvier 2024, ce programme finance des initiatives visant à créer des emplois, valoriser le patrimoine local et favoriser l’inclusion, notamment pour les jeunes et les femmes. Cet article détaille les projets concrets soutenus par ce programme, en s’appuyant sur les informations disponibles, pour offrir un aperçu factuel de leur impact et de leur portée.

Une ambition nationale pour l’ESS

L’ESS regroupe des initiatives économiques à fort impact social, comme les coopératives, les associations et les entreprises sociales. En Algérie, où 37 % de la population a moins de 15 ans et près des deux tiers moins de 30 ans, ce programme cherche à répondre au défi du chômage des jeunes, tout en s’alignant sur les Objectifs de développement durable (ODD), notamment l’ODD 8 (travail décent) et l’ODD 13 (action pour le climat). Le Forum national du 30 juin 2025, tenu à Alger, a mis en lumière des projets concrets, soutenus par des financements, des formations et des incubateurs, pour structurer ce secteur émergent.

Les projets financés : Une diversité d’initiatives

Bien que la liste exhaustive des projets ne soit pas encore publique, plusieurs initiatives spécifiques et catégories de projets ont été mises en avant dans le cadre du programme. Voici les réalisations concrètes identifiées :

1. Incubateur de 40 projets dans 12 wilayas

En août 2024, un incubateur a été lancé pour accompagner 40 porteurs de projets dans 12 wilayas algériennes, ciblant des secteurs à fort potentiel social. Ces projets incluent :

• Coopératives agricoles : Des initiatives dans la production et la transformation de produits locaux, comme les dattes, les olives ou les céréales. Par exemple, des coopératives à Khenchela se concentrent sur la valorisation des produits agricoles pour renforcer les chaînes de valeur locales.

• Projets artisanaux : Soutien à des entreprises sociales produisant des objets traditionnels, tels que des tapis, des poteries ou des bijoux, pour préserver le patrimoine tout en créant des emplois, notamment pour les femmes.

• Solutions numériques : Développement de plateformes numériques pour promouvoir l’accès à la culture ou commercialiser des produits locaux, comme des applications pour connecter artisans et consommateurs.

Ces projets, sélectionnés pour leur impact social, bénéficient de financements et d’un accompagnement technique pour assurer leur viabilité.

2. Héritage de l’#InnovationChallenge

En décembre 2021, le PNUD a organisé un « #InnovationChallenge » qui a servi de précurseur au programme ESS. Cet événement a permis de financer des projets pilotes, notamment :

• Initiatives d’économie circulaire : Des jeunes ont développé des solutions de recyclage des déchets, comme la transformation de matériaux usagés en produits commercialisables.

• Projets culturels : Soutien à des initiatives promouvant la musique chaâbi, l’artisanat ou d’autres formes d’expression culturelle, pour renforcer l’identité nationale et créer des opportunités économiques.

Ces projets ont inspiré les appels à projets de 2024 et 2025, montrant la capacité de l’ESS à mobiliser la créativité des jeunes.

3. Formations et accompagnement

Le programme finance des formations pour renforcer les compétences des entrepreneurs et des gestionnaires de fonds de microcrédit. Parmi les initiatives concrètes :

• Ateliers à Tamanrasset : Des sessions de formation pour les jeunes entrepreneurs du sud, axées sur la gestion d’entreprise et l’accès au financement, ont permis de lancer des micro-projets dans l’artisanat et les services.

• Career Centres à Tlemcen : En collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT), le programme « Tawdif » a créé des « Maisons de l’Entrepreneuriat » dans les universités, formant des diplômés à lancer des entreprises sociales. Ces centres ont soutenu des projets dans des domaines comme l’agriculture durable et les services communautaires.

4. Projets à impact environnemental

L’ESS met l’accent sur la durabilité, avec des projets financés dans :

• Recyclage et économie circulaire : Des initiatives dans des wilayas comme Oran ou Khenchela transforment les déchets en ressources, créant des emplois tout en réduisant l’impact environnemental.

• Agriculture durable : Des coopératives adoptent des techniques modernes, comme l’irrigation goutte-à-goutte, pour améliorer la productivité tout en préservant les ressources naturelles.

Impact et portée

Les projets financés ciblent les populations vulnérables, particulièrement les jeunes et les femmes dans les zones rurales ou marginalisées. Avec 12 wilayas couvertes, le programme cherche à équilibrer le développement économique à travers le territoire. Bien que le budget exact ne soit pas public, il est modeste comparé aux investissements dans les hydrocarbures (ex. 40 milliards USD pour Sonatrach entre 2022 et 2026). L’objectif est de créer des emplois durables et de diversifier l’économie, alors que les exportations hors hydrocarbures ont triplé, atteignant 5,1 milliards USD en 2023.

Limites et transparence

L’absence d’une liste publique détaillant chaque projet reflète un défi de transparence, courant dans les initiatives publiques algériennes. Les rapports se concentrent sur des catégories générales (agriculture, artisanat, numérique) plutôt que sur des noms précis de bénéficiaires ou des montants alloués. Cela peut alimenter le scepticisme quant à l’efficacité du programme, bien que les exemples cités montrent des résultats tangibles à petite échelle.

Perspectives

Le programme ESS, avec ses projets variés, pose les bases d’un secteur économique inclusif et durable en Algérie. En soutenant des initiatives locales, il répond à des besoins sociaux urgents tout en valorisant le patrimoine national. Pour les entrepreneurs intéressés, des opportunités continuent d’émerger via des appels à projets et des événements comme le Salon du Livre d’Oran (10-17 février 2025). Ce programme, bien que modeste, illustre un engagement croissant pour diversifier l’économie et autonomiser les jeunes.

Sources

• Site officiel du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale : www.mtess.gov.dz

• Site du PNUD : www.undp.org

• Page de l’Union européenne en Algérie : www.eeas.europa.eu

• Posts sur X mentionnant le programme ESS et l’#InnovationChallenge (décembre 2021)

• Rapport de la Banque mondiale sur la diversification économique en Algérie (2025)