Algérie

Les prisons secrètes de la CIA


La grosse controverse Depuis quelques jours, les archives s?ouvrent, et les révélations succèdent aux autres. Il y a tant à dire, semble-t-il, sur des opérations normalement frappées du sceau du secret. Mais paradoxalement, il se trouve, tenons-nous bien, des Etats qui ignorent ce qui se passe sur leur propre territoire. C?est en tout cas ce que laissent penser certaines réactions. Surtout en ces temps où la menace terroriste est constamment brandie, à moins qu?elle n?existe pas, ou bien alors que des amis, voire des alliés, ont tout simplement trahi la confiance placée en eux. C?est alors le temps des explications, mais pas forcément celui des révélations, puisque la presse européenne et américaine le fait bien, mais rien, par ailleurs, n?indique que cela se fera avec fracas. Il ne faut surtout pas attendre le moindre déballage, et en ce sens, les nouvelles autorités allemandes ont déjà donné le ton en ce qui concerne les entretiens dès aujourd?hui avec la secrétaire d?Etat américaine. Les vols controversés de la CIA en Europe domineront inévitablement la tournée européenne que Mme Condoleezza Rice entame, avec l?objectif de renforcer le lien transatlantique. La chef de la diplomatie américaine doit rencontrer demain à Berlin la nouvelle chancelière Angela Merkel, qui souhaite une relation « étroite et franche, ouverte et confiante avec les Etats-Unis ». Elle se rendra ensuite en Roumanie et en Ukraine, avant de participer jeudi à Bruxelles à une réunion de l?Organisation du traité de l?Atlantique nord (Otan). Mais ce qui marquera sa tournée, c?est la polémique suscitée en Europe par les informations sur l?utilisation d?aéroports européens par la CIA, les services secrets américains, pour des transports de prisonniers islamistes. Selon le quotidien britannique The Guardian, plus de 300 avions utilisés par la CIA auraient atterri en Europe dans ce but, dont 96 vols en Allemagne, où les Etats-Unis entretiennent plusieurs bases militaires. Washington s?est engagée à répondre de façon « opportune » et « directe » à la lettre de la présidence britannique de l?UE demandant des explications aux Etats-Unis sur ces informations, et Mme Rice a promis vendredi de s?exprimer sur le sujet avant son départ ce matin de Washington. Même si le gouvernement allemand a fait savoir qu?il n?exigerait pas d?explications sur les vols controversés de la CIA, pour ne pas faire pression sur les Etats-Unis, la secrétaire d?Etat américaine sera inévitablement questionnée sur ce sujet à chaque apparition publique. « Elle est prête à discuter de cette question si elle émerge. Je pense que ce sera le cas », a indiqué le porte-parole du département d?Etat, Sean McCormack. « Mais elle a aussi une longue liste de questions politiques qu?elle veut évoquer à chaque étape de son voyage », a-t-il ajouté. A Bucarest, où elle doit effectuer une brève escale sur le chemin de Kiev, Mme Rice signera un accord de sécurité prévoyant l?ouverture d?installations militaires américaines dans ce pays membre de l?Otan. « Cela concerne (...) la façon, dont nous pouvons coopérer avec d?autres gouvernements pour éventuellement utiliser leurs installations, dans l?éventualité où les forces américaines ou une coalition en auraient besoin pour résoudre des problèmes militaires dans le monde », selon Sean McCormack. Mais l?affaire des avions de la CIA risque de la poursuivre jusqu?au bout de sa tournée : le gouvernement belge a ouvert une enquête pour vérifier si des aéroports belges, militaires ou civils, avaient accueilli des avions américains transportant des prisonniers islamistes. Dans le même temps, apprenait-on hier, la CIA a bénéficié d?un « libre accès » aux aéroports militaires britanniques pour le transport de prisonniers soupçonnés de terrorisme. C?est ce qu?affirme le Mail on Sunday, posant ou rendant même inutile la lettre d?explications du gouvernement de M. Tony Blair. Le journal britannique publie des photographies prises par des passionnés d?aviation montrant trois avions américains sur trois aéroports écossais - Edinbourgh, Prestwick et Glasgow-, le 20 juin 2004, le 13 novembre 2004 et le 16 septembre 2005. « Notre enquête a démontré qu?une série d?avions affrétés par la CIA ont atterri et décollé de Grande-Bretagne sans être contrôlés par les autorités », explique le Mail. Selon le journal, l?un des appareils a également été photographié à l?aéroport de Kaboul, en Afghanistan, et est soupçonné par les organisations de défense des droits de l?homme d?avoir été utilisé pour acheminer des suspects vers des centres d?interrogatoire. Un autre avion est soupçonné d?avoir illégalement emprunté l?espace aérien européen, ajoute-t-il. Le journal déclare avoir découvert des registres de vols de la base de la Royal Air Force à Northolt, au nord-ouest de Londres, qui « suggèrent des complicités gouvernementales au plus haut niveau dans l?opération secrète de la CIA ». Des avions des services secrets américains (CIA) ont fait escale dans des aéroports britanniques « à au moins 210 occasions. (...) Près d?une vingtaine d?aéroports britanniques ont été utilisés, avec Prestwick et Glasgow comme escales privilégiées avec respectivement 75 et 74 vols », précise le journal. Les Etats-Unis sont accusés d?avoir utilisé depuis 2001 des aéroports ou des espaces aériens européens pour le passage d?avions de la CIA transportant des personnes soupçonnées de terrorisme vers des pays pratiquant la torture. Et ce n?est pas tout, puisqu?il est question également de l?existence de centres de détention américains pour islamistes en Europe de l?Est. Trop d?informations en même temps, mais il est bien difficile de croire que les centaines de vols, au moins ceux-là, se soient faits à l?insu des autorités des pays cités. Cela implique de trop nombreuses responsabilités et toute une procédure. C?est donc à ces gouvernements de donner les explications à leurs opinions respectives.
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