Algérie

Les pots-de-vin peuvent atteindre 10 milliards $ dans les 5 ans à venir



Les commandes publiques sous la menace des corrupteurs Le porte-parole de l’Association algérienne de lute contre la corruption (AALC), Djilali Hadjadj, tire la sonnette d’alarme quant à l’étendue et au niveau extrêmement élevé de la corruption dans notre pays, plus particulièrement dans ce qu’on appelle «la commande publique». L’Algérie, qui a lancé selon lui, une énorme commande publique, dépassant les 150 milliards de dollars pour les cinq années à venir, se retrouve, bon gré mal gré, sous la menace de faux intermédiaires et de corrupteurs qui voudraient à tout prix faire main basse sur ce pactole. Sur les ondes de la chaîne III, le porte-parole de l’AALC a fait état des enquêtes menées par des organismes internationaux en relation avec la BM et d’autres, plus discrètes, qui ont révélé que 75% des chefs d’entreprises interrogés par rapport au versement des commissions déclarent qu’à un moment ou un autre des pots-de-vin leur ont été exigés pour obtenir un marché. Dans le même sillage, des hommes d’affaires ont montré dans le cas de l’Algérie et dans les pays qui ont le même contexte politique, que les investissements sont pour la plupart freinés par des pratiques de corruption et de parrainage maffieux qui bloquent du coup l’investissement productif et créateur d’emplois. Les mêmes organismes, a-t-il soutenu, connus pour leur fiabilité et leur indépendance en dehors de ce que fait Transparency International, une ONG de lutte contre la corruption, sont tous d’accord pour dire que la situation actuelle de l’Algérie est extrêmement inquiétante. A titre d’exemple, les pots-de-vin et les commissions se situent, d’après lui, dans une fourchette de 10 à 15% du montant du marché en question. Ce qui veut dire que sur les 150 milliards de dollars destinés à la commande publique pour les cinq années à venir, le montant total de la corruption pourrait avoisiner les 10 milliards de dollars. D’un autre côté, explique-t-il, la pratique de gré à gré -sans passer par l’avis d’appel d’offres- qui a fait son bonhomme de chemin dans les marchés publics pose, aujourd’hui, beaucoup de problèmes sur le plan interne ainsi que vis-à-vis des partenaires étrangers. Comme cela a été le cas, a-t-il soutenu, des autorisations réglementaires de procéder par le gré à gré en prévision des jeux Africains en juillet prochain alors que cette pratique ne doit être appliquée, selon lui, que dans des situations exceptionnelles de grandes urgences, comme dans le cas de catastrophes naturelles (séisme, inondations...). Par ailleurs, et sur le rôle de l’IGF qui tend à se renforcer davantage pour prévenir les scandales financiers et contrôler rigoureusement les dépenses publiques ainsi que les EPE, le porte-parole de l’AALC estimera que cette institution, créée depuis 1981, présente plutôt un bilan mitigé. Il dira à ce propos que «cette institution est souvent cloîtrée dans sa tour d’ivoire, hermétique à son environnement extérieur». «Si elle n’essaie pas de se défaire de cette situation, elle continuera, a-t-il expliqué, à fonctionner en vase clos avec toutes les dérives et les opacités que l’on vit aujourd’hui.» Rien n’empêche, a-t-il précisé, que le rapport annuel de l’IGF soit rendu publique pour lui permettre -pourquoi pas- une grande transparence dans ses activités. L’IGF a-t-il souligné, ne peut conquérir sa réelle dépendance s’il n’y a pas vraiment de clarté dans les textes, à savoir les statuts des inspecteurs des finances, dans le déroulement de leurs carrières, leurs rémunérations et autres avantages qui leur permettent un tant soit peu d’échapper à toutes les tentations. D’ailleurs, pour juguler le phénomène de la corruption, une future agence anti-corruption est en train de se mettre en place, dira-t-il, investie pour la première fois d’une mission d’investigation, avec en plus des missions de prévention, d’information, de sensibilisation. Cette agence devra comprendre, a-t-il conclu, outre un organe permanent, de hauts fonctionnaires nommés par les plus hautes autorités de l’Etat, des spécialistes des questions financières, législatives et réglementaires liés aux marchés publics. Parallèlement, cette agence aura la liberté de faire appel à des compétences externes à titre consultatif ou en direction du mouvement associatif pour bénéficier des expériences des autres et se rapprocher des citoyens.
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