Algérie

Les peaux de moutons de l'Aïd vont être collectées


«Hidoura.» Un communiqué publié, lundi dernier, par le ministère de l'Industrie fait état d'une idée géniale. Il annonce «le lancement d'une campagne de collecte des peaux d'ovins, de bovins et de caprins, issues de l'abattage des sacrifices de l'Aïd El Adha, afin de valoriser la filière cuir». De bonnes idées comme celle-là, nous en voulons tous les jours. Pour une fois le mouton de l'Aïd est valorisé. Au-delà du kyste hydatique, de la fièvre aphteuse, des égouts bouchés, des blessures aux couteaux, les mauvaises odeurs du sang séché, il y a depuis quelques années toutes ces peaux abandonnées ici et là après le rituel du sacrifice. Personne ne veut plus de ces peaux qui faisaient le bonheur de nos foyers il y a à peine quelques années. Chaque famille faisait sécher après salaison la peau du mouton sacrifié. Ensuite bien lavée et débarrassée de toutes les impuretés elle servait de petit tapis. Chaque fête de l'Aïd El Adha venait avec son lot de petits tapis de peaux de moutons ou de chèvres. A l'époque, pas très ancienne, la question de garder les peaux de moutons sacrifiés le jour de l'Aïd, ne se posait même pas. Aujourd'hui les temps ont changé. Le mode de vie des Algériens aussi. Avec l'incivisme en prime. La peau de mouton n'a plus de valeur aux yeux de la population. Alors on s'en débarrasse comme on peut. Près des ordures. Sur un monticule. Sur le bord de la route. Avec ses odeurs, ses atteintes à l'hygiène. Pour la première fois de notre histoire, ces peaux de moutons seront récupérées par l'industrie. Le département de Youcef Yousfi estime à4 millions le nombre de moutons, chèvres et bovins destinés au sacrifice de l'Aïd. Cependant, il ne prévoit de récupérer que 800 000 peaux compte tenu que l'opération concernera seulement six wilayas pilotes (Alger, Oran, Constantine, Jijel, Sétif et Batna). Si l'organisation est bien conçue, le succès sera incontestable. Savez-vous combien Amazon (le célèbre distributeur en ligne) fait payer une vraie (il commercialise également des fausses) peau de mouton' 200 euros pièce! Il y a d'autres façons encore plus rentables de traiter les peaux de moutons, de chèvres ou de bovins. Il y a le délainage (séparation de la laine sans abîmer le cuir) pour approvisionner l'industrie du textile. Il a également la mégisserie (qui est le tannage des petites peaux) qui approvisionne l'industrie de la chaussure et de la ganterie. Pour avoir une idée de la valeur de ce petit trésor, la Fédération française de la mégisserie déclare un chiffre d'affaires annuel de 400 millions d'euros. Pour les peaux uniquement. Sans la laine. Le communiqué du ministère de l'Industrie parle, à juste titre, d'une «filière à fort potentiel à l'export». L'opération est tellement importante que pas moins de sept ministères (l'intérieur, affaires religieuses, agriculture, commerce, environnement, communication, la poste et télécommunications) y participent. Un ambitieux programme de sensibilisation est prévu. Première opération du genre à suivre absolument!


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