Algérie

Les partis boulitiques



Dès que lesclairons des campagnes électorales sonnent, ils se réveillent de leur sommeilprofond pour se disputer les sièges d'Assemblées, populaires dans les textes,impopulaires par volonté populaire. Des Assembléesqui ont fini par se confondre avec des structures déconcentrées de l'Etat,unique parlementaire au nom de tous et en leur absence. Pouvoir réel etcontre-pouvoir supposé se mêleront l'un à l'autre pour le même objectif, unefois de plus: faire durer le mirage d'une démocratie de façade et régler lesaffaires en suspens en catimini. Un jeu, auquel plus personne ne croit, maisqui maintient cette illusion selon laquelle nous nous inscrivons dans ce vastemouvement de globalisation, aux valeurs porteuses de modernité. Pour ne pasrester les derniers de la classe, tout en y restant au fond. Bien sûr, lesdiscours retentiront une fois de plus pour dire de combien nous avons avancédans les chiffres, sans dire aussi de combien nous avons reculé en interrogeantles mêmes chiffres. Sans dire comment le partage des sièges va se faire pourremplacer les uns par les autres selon un ordre serré, d'une marche titubante.Sans dire où se situent les véritables pouvoirs qui détiennent la mannefinancière, en laissant aux hâbleurs le soin de philosopher sur lesaboutissants de la bonne gouvernance, en faisant mine d'ignorer ses tenantshistoriques et l'état brouillon dans lequel la société a été plongée. Lorsquele pneu brûlé devient l'unique expression contre le déficit de communication.Lorsque l'attaque contre des bâtiments symbolisant l'Etat prend la forme d'unevengeance contre le déficit d'écoute des préoccupations des jeunes. Lorsque dejeunes Algériens sont emportés par la mer à force de rêver d'un meilleur horsde leur pays aux richesses suffisantes, pour leur produire du rêve. Où seterrent alors les partis politiques toutes initiales confondues qui seprécipitent sur la fermeture de leurs portes, une fois les campagnesélectorales terminées ? Qu'ont-ils à proposer en dehors de leurs candidatssachant qu'ils émargent tous au programme du Président de la République, quin'a quant à lui aucun parti, tout comme les présidents qui l'ont précédé depuisl'ouverture politique de 89. Faut-il alors voir dans cette nouvelle inculturepolitique les mêmes caractéristiques que celles de l'ex-parti unique avec sessatellites qui se faisaient appeler organisations de masse (ou de masques), oubien les partis ne sont-ils donc eux-mêmes que des organisations de masses dedifférentes dénominations dans un grand parti unique à pensée uniquementprésidentielle ? Les occasions de montrer les dents ne manquent pas, aussi bienen politique locale qu'en politique internationale, mais que peuvent bienmontrer des bouches édentées ? Rappelons-nous cette ouverture au multipartismequi a vu plus d'une soixantaine de partis lâchés sur une population qui venaità peine d'enterrer les enfants d'Octobre 88, promettre une vie meilleure.Rappelons-nous cette course ridicule vers des agréments où les «leaders» dontla plupart sortaient des entrailles de l'unicité de pensée, pour se découvrirdes âmes de démocrates. Rappelons-nous l'enfantement de la monstruosité qui acoûté en vies humaines et en argent de quoi construire un autre pays dans lepays, au lieu de permettre la naissance d'Etats dans l'Etat. Si bien qu'unesociété sans Etat est née parce que des apprentis sorciers de la politiquelivrant le pays au règne du container et du blanchiment d'argent se sontsubitement découvert des âmes d'hommes d'affaires à travers des prête-noms pourconserver leur anonymat. Qu'ont dit les partis politiques ? Rien ou pour laplupart presque rien. Ils se sont soumis à la loi du silence attendant lesprochaines élections pour reprendre leurs plats réchauffés à une populationrefroidie par amertume. Par démission devant l'irrationnel. Dans le meilleurdes cas, ils ont soutenu la politique du Président. Quel courage de pouvoir lefaire sans peur ! Dans l'autre des cas, ils ont dénoncé les abus à travers lesjournaux ou dans des salles à moitié vides et ont fini par boycotter lesélections de peur de se ramasser une gamelle. Quel autre courage ! Le débatsocial est quant à lui laissé aux seuls «représentants de la République», quioccupent l'espace médiatique comme ils occupent leurs chambres à coucher unsoir de noces. Sachant le nombre d'opposants à cette situation y compris dansles couloirs du pouvoir politique lui-même, on se demande quel est ce miraclequi maintient encore en vie les partis cachés à l'ombre d'un baril de pétrolequi nourrit un peuple jusqu'à son épuisement. La campagne électorale s'annoncetoutefois chaude comme d'habitude à l'intérieur des structures des partis, maisc'est juste pour les «placements à termes» de quelques futurs représentantsnationaux qui auront la lourde tâche de lever la main droite sans dire «je lejure» en contrepartie d'une gratification salariale injustifiée et de quelquesgadgets de circonstance qui occuperont leurs esprits le temps d'un mandat. Pourle moment. Pour le moment l'Etat fait appel à des experts américains pourapprivoiser la représentation nationale et lui montrer le niveau à atteindrepour obtenir son silence sans efforts particuliers. Sinon... Sinon d'autrespartis peuvent être légalisés et la situation peut ne plus demeurer aussiamusante qu'elle ne l'a été depuis ces dix dernières années. Ces partis aussisoutiennent le programme du Président mais pour un temps seulement. Ils peuventpasser à une autre vitesse si la Constitution permettait un troisième mandatprésidentiel. Et le Président n'aura rien à perdre. Le peuple n'aura quant àlui plus rien à perdre. Les affaires ne seront plus jugées avec autant dedélicatesse. Les containers seront fouillés de fond en comble. Les loischangeront et auront un effet rétroactif, contrairement à ce que l'on pense. Cene sera pas la joie pour tout le monde et l'ère des redressementsrévolutionnaires est révolue. Il est alors temps de se ressaisir et de garderle lien avec un peuple sous vérins. Il est temps de faire de la politique à laplace de la boulitique. Mais qui sait encore en faire sans penser à se remplirles poches ?
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