Algérie

Les mille et une nuits



Histoire d’Aboulhassan Ali Ebn Becar et de Schemselnihar, favorite du calife Haroun Al-Raschid CLIIIe nuit (Suite) Lorsque les femmes qui étaient assises auparavant sur ces sièges eurent repris chacune leur place, avec la permission de Schemselnihar, qui le leur ordonna par un signe, cette charmante favorite choisit une de ses femmes pour chanter. Cette femme, après avoir employé quelques moments à mettre son luth d’accord, chanta une chanson dont le sens était «que deux amants qui s’aimaient parfaitement avaient l’un pour l’autre une tendresse sans bornes; que leurs cœurs, en deux corps différents, n’en faisaient qu’un, et que lorsque quelque obstacle s’opposait à leurs désirs, ils pouvaient se dire, les larmes aux yeux: Si nous nous aimons parce que nous nous trouvons aimables, doit-on s’en prendre à nous? Qu’on s’en prenne à la destinée!»Schemselnihar laissa si bien connaître, dans ses yeux et par ses gestes, que ses paroles devaient s’appliquer au prince de Perse et à elle, qu’il ne put se contenir. Il se leva à demi, et, s’avançant par-dessus le balustre qui lui servait d’appui, il obligea une des compagnes de la femme qui venait de chanter de prendre garde à son action. Comme elle était près de lui: «Écoutez-moi, lui dit-il, et me faites la grâce d’accompagner de votre luth la chanson que vous allez entendre». Alors il chanta un air dont les paroles tendres et passionnées exprimaient parfaitement la violence de son amour. Dès qu’il eut achevé, Schemselnihar, suivant son exemple, dit à une de ses femmes: «Écoutez-moi aussi, et accompagnez ma voix». En même temps, elle chanta d’une manière qui ne fit qu’embraser davantage le cœur du prince de Perse, qui ne lui répondit que par un nouvel air, encore plus passionné que celui qu’il avait déjà chanté. Ces deux amants s’étant déclaré, par leurs chansons, leur tendresse mutuelle, Schemselnihar céda à la force de la sienne. Elle se leva de dessus son trône, tout hors d’elle-même, et s’avança vers la porte du salon. Le prince, qui connut son dessein, se leva aussitôt et alla au-devant d’elle avec précipitation. Ils se rencontrèrent sous la porte, où ils se donnèrent la main, et s’embrassèrent avec tant de plaisir qu’ils s’évanouirent. Ils seraient tombés, si les femmes qui avaient suivi Schemselnihar ne les en eussent empêchés. Elles les soutinrent et les transportèrent sur un sofa, où elles les firent revenir, à force de leur jeter de l’eau de senteur au visage et de leur faire sentir plusieurs sortes d’odeurs. Quand ils eurent repris leurs esprits, la première chose que fit Schemselnihar fut de regarder de tous les côtés; et, comme elle ne vit pas Ebn Thaher, elle demanda avec empressement où il était. Ebn Thaher s’était écarté par respect, tandis que les femmes étaient occupées à soulager leur maîtresse, et craignait en lui-même, avec raison, quelque suite fâcheuse de ce qu’il venait de voir. Dès qu’il eut entendu que Schemselnihar le demandait, il s’avança et se présenta devant elle. A suivre..
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