Algérie

Les mille et une nuits


Histoire d’Aboulhassan Ali Ebn Becar et de Schemselnihar, favorite du calife Haroun Al-Raschid CLIIIe nuit Dès que le prince de Perse aperçut Schemselnihar, il n’eut plus d’yeux que pour elle: «On ne demande plus de nouvelles de ce que l’on cherchait, dit-il à Ebn Thaher, dès lors qu’on le voit, et l’on n’a plus de doute sitôt que la vérité se manifeste. Voyez-vous cette charmante beauté? C’est l’origine de mes maux: maux que je bénis et que je ne cesserai de bénir, quelque rigoureux et de quelque durée qu’ils puissent être! A cet objet, je ne me possède plus moi-même; mon âme se trouble, se révolte, je sens qu’elle veut m’abandonner. Pars donc, ô mon âme je te le permets; mais que ce soit pour le bien et la conservation de ce faible corps. C’est vous, trop cruel Ebn Thaher, qui êtes cause de ce désordre: vous avez cru me faire un grand plaisir de m’amener ici; et je vois que j’y suis venu pour achever de me perdre. Pardonnez-moi, continua-t-il en se reprenant, je me trompe: j’ai bien voulu venir, et je ne puis me plaindre que de moi-même». Il fondit en larmes en achevant ces paroles. «Je suis bien aise, lui dit Ebn Thaher, que vous me rendiez justice. Quand je vous ai appris que Schemselnihar était la première favorite du calife, je l’ai fait exprès pour prévenir cette passion funeste que vous vous plaisez à nourrir dans votre cœur. Tout ce que vous voyez ici doit vous en dégager, et vous ne devez conserver que des sentiments de reconnaissance de l’honneur que Schemselnihar a bien voulu vous faire, en m’ordonnant de vous amener avec moi. Rappelez donc votre raison égarée, et vous mettez en état de paraître devant elle, comme la bienséance le demande. La voilà qui approche. Si c’était à recommencer, je prendrais d’autres mesures; mais puisque la chose est faite, je prie Dieu que nous ne nous en repentions pas. Ce que j’ai encore à vous représenter, ajouta-t-il, c’est que l’amour est un traître, qui peut vous jeter dans un précipice d’où vous ne vous tirerez jamais». Ebn Thaher n’eut pas le temps d’en dire davantage, parce que Schemselnihar arriva. Elle se plaça sur son trône et les salua tous deux par une inclination de tête. Mais elle arrêta ses yeux sur le prince de Perse, et ils se parlèrent l’un et l’autre un langage muet, entremêlé de soupirs, par lequel, en peu de moments, ils se dirent plus de choses qu’ils n’en auraient pu se dire en beaucoup de temps. Plus Schemselnihar regardait le prince, plus elle trouvait dans ses regards de quoi se confirmer dans la pensée qu’il ne lui était pas indifférent; et Schemselnihar, déjà persuadée de la passion du prince, s’estimait la plus heureuse personne du monde. Elle détourna enfin les yeux de dessus lui, pour commander que les premières femmes qui avaient commencé de chanter s’approchassent. Elles se levèrent; et, pendant qu’elles s’avançaient, les femmes noires, qui sortirent de l’allée où elles étaient, apportèrent leurs sièges et les placèrent près de la fenêtre de l’avance du dôme, où étaient Ebn Thaher et le prince de Perse, de manière que les sièges ainsi disposés, avec le trône de la favorite et les femmes qu’elle avait à ses côtés, formèrent un demi-cercle devant eux. A suivre...
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