Algérie

Les mille et une nuits



Le cadi assassin CXLIIe nuit Ils frappent avec une fureur qui n’est pas concevable à la porte du cadi, qui envoya un esclave pour voir ce que c’était; mais l’esclave, tout effrayé, retourne vers son maître: «Seigneur, dit-il, plus de dix mille hommes veulent entrer chez vous par force, et commencent à enfoncer la porte».Le cadi courut aussitôt lui-même, ouvrit la porte, et demanda ce qu’on lui voulait. Sa présence vénérable ne put inspirer du respect à mes gens, qui lui dirent insolemment: «Maudit cadi, chien de cadi, quel sujet avez-vous d’assassiner notre maître? Que vous a-t-il fait? —Bonnes gens, leur répondit le cadi, pourquoi aurais-je assassiné votre maître, que je ne connais pas et qui ne m’a point offensé? Voilà ma maison ouverte, entrez, voyez, cherchez.—Vous lui avez donné la bastonnade, dit le barbier; j’ai entendu ses cris il n’y a qu’un moment. —Mais encore, répliqua le cadi, quelle offense m’a pu faire votre maître pour m’avoir obligé à le maltraiter comme vous le dites? Est-ce qu’il est dans ma maison? Et s’il y est, comment y est-il entré, ou qui peut l’y avoir introduit? —Vous ne m’en ferez point accroire avec votre grande barbe, méchant cadi, repartit le barbier; je sais bien ce que je dis. Votre fille aime notre maître, et lui a donné rendez-vous dans votre maison pendant la prière du midi; vous en avez sans doute été averti, vous êtes revenu chez vous, vous l’y avez surpris, et lui avez fait donner la bastonnade par vos esclaves; mais vous n’aurez pas fait cette méchante action impunément: le calife en sera informé, et en fera bonne et brève justice. Laissez-le sortir, et rendez-le nous tout à l’heure, sinon nous allons entrer et vous l’arracher, à votre honte. —Il n’est pas besoin de tant parler, reprit le cadi, ni de faire un si grand éclat; si ce que vous dites est vrai, vous n’avez qu’à entrer et qu’à le chercher, je vous en donne la permission». Le cadi n’eut pas achevé ces mots, que le barbier et mes gens se jetèrent dans la maison comme des furieux, et se mirent à me chercher partout». Schéhérazade, en cet endroit, ayant aperçu le jour, cessa de parler. Schahriar se leva en riant du zèle indiscret du barbier, et fort curieux de savoir ce qui s’était passé dans la maison du cadi, et par quel accident le jeune homme pouvait être devenu boiteux. La sultane satisfit sa curiosité le lendemain, et reprit la parole dans ces termes: Le tailleur continua de raconter au sultan de Casgar l’histoire qu’il avait commencée: «Sire, dit-il, le jeune boiteux poursuivit ainsi: Comme j’avais entendu tout ce que le barbier avait dit au cadi, je cherchai un endroit pour me cacher. Je n’en trouvai point d’autre qu’un grand coffre vide, où je me jetai, et que je fermai sur moi. Le barbier, après avoir fureté partout, ne manqua pas de venir dans la chambre où j’étais. Il s’approcha du coffre, l’ouvrit, et dès qu’il m’eut aperçu, le prit, le chargea sur sa tête et l’emporta. A suivre …
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