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Les marchands de la mort (III)


Les marchands de la mort (III)
Le 1er novembre, le State Department annonce discrètement qu'il n'a pas l'intention de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU, car il est tout à fait possible que le responsable soit américain.La presse continue cependant sur sa lancée et pointe du doigt les méchants arabes. On a retrouvé, en tout et pour tout, quatre lettres contenant le bacille. Toutes les quatre ont été envoyées de Trenton, New Jersey. L'enquête ne devrait donc pas s'avérer si difficile, et pourtant le FBI piétine. Le 12 novembre, la biologiste Barbara Hatch-Rosenberg, de la Federation of American Scientists, émet l'hypothèse que les spores utilisées sont issues de cultures réalisées dans un laboratoire américain de «défense» bactériologique et que le coupable travaille pour le gouvernement US. A partir de la mi-décembre, les soupçons se confirment et les porte-parole officiels évoquent de plus en plus fréquemment la probabilité d'une source américaine. Selon le journal Baltimore Sun, le laboratoire ayant mis au point la souche incriminée serait situé sur le Dugway Proving Ground, un terrain militaire de l'Utah. La presse, passablement frustrée, tente de diriger l'attention vers un coupable plus conforme à la tradition, par exemple l'Irak. Le FBI dément avoir la moindre trace en ce sens. Les investigations s'enlisent. En avril 2002, on signale un cas de contamination à Fort Detrick, Maryland, dans un autre laboratoire militaire s'occupant de «recherche» (fabrication d'armes biologiques): c'est l'USAMRIID (US Army Medical Research Institute for Infectious Diseases). Les mesures de sécurité dans ce laboratoire ne sont pas très sévères; on y déplore parfois des disparitions d'échantillons bactériologiques. En février 2003, la veuve du photographe mort en Floride accuse le gouvernement américain de négligence et réclame 50 millions de dollars de dommages-intérêts. L'hypothèse la plus probable est que les attaques à l'anthrax sont l'?uvre (assez dilettante) d'activistes américains d'extrême droite, et que ceux-ci jouissent d'appuis et de complicités dans les organes gouvernementaux, sans toutefois que les comploteurs du 11 septembre (tous d'un calibre autrement plus élevé) aient eu connaissance de ces plans ou les aient eux-mêmes préparés. Cela expliquerait à la fois qu'il y ait eu une enquête, quoique sans résultats bien concrets, et que les milieux dirigeants aient été si réticents à mettre ces nouvelles atrocités sur le compte des coupables habituels. Un an après, cependant, on peut se demander si Bush - et ceux qui pensent pour lui - ne vont pas juger opportun de tout rejeter sur Saddam Hussein. (à suivre)


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