Algérie

Les islamistes au purgatoire



Les islamistes au purgatoire
Les élections sont toujours riches en enseignements sur la sociologie politique d'un pays. Le vote d'avant-hier apporte certains éclairages qui seront déterminants pour l'élection des membres du Conseil de la Nation et dans une moindre mesure pour la présidentielle de 2014. Il est clair que les électeurs ne sont pas satisfaits de l'offre politique actuelle. Trop de partis tue la politique, diront certains. Six algériens sur dix ne jugent pas utiles de faire leurs choix. L'opportunisme, la faiblesse du discours et la ressemblance des programmes n'aident pas le citoyen à différencier entre les candidats. Cette situation devrait pousser les politiques à rechercher des alliances pour une meilleure visibilité des différents courants qui s'expriment dans la société. Les premières estimations permettent de constater que le courant nationaliste reste premier en matière de nombre de suffrages et d'élus. Le FLN continue d'être devant le RND même si ce dernier améliore son score. Le front El Moustakbal, né d'une dissidence du FLN, fait une percée notable et démontre que le choix de bons candidats peut être un atout important lors d'une élection.
Du côté des partis «démocrates», il n'y a pas eu de grandes évolutions. Les fiefs restent les mêmes et les luttes fratricides donnent le rôle d'arbitre aux partis nationalistes. Leurs discours n'ont pas évolué alors que la société ne cesse de changer. Le RCD et le FFS ne mobilisent pas plus qu'avant, y compris dans leurs fiefs. Le courant régionaliste et autonomiste en Kabylie marque des points et les frères ennemis continuent de se discréditer aux yeux de l'opinion en se lançant des noms d'oiseaux au lieu de défendre leurs idées et opinions. Le MPA avance doucement mais sûrement alors que sa forte présence militante permettait à ses dirigeants d'espérer un meilleur score. La «défaite» du courant islamiste semble être dans la continuité des résultats des précédents scrutins. L'Alliance des trois partis n'a pas réussi à regrouper le suffrage des sympathisants de ce courant. Le choix des candidats et l'absence de cohérence dans les discours des animateurs de ce courant sont en grande partie responsables du relatif faible score de l'Alliance au moment où le conservatisme marque des points dans la société. L'absence des extrémistes salafistes de cette élection ne permet pas de mesurer le poids de ceux qui ont été des acteurs majeurs de la montée du terrorisme durant les années 1990 et de la tragédie qui a fait 200 000 morts, selon certaines estimations.
Ce scrutin démontre encore une fois que seule l'élection présidentielle porte en elle suffisamment d'enjeux pour intéresser les électeurs. Il permet également de noter que si les abstentionnistes et les «bulletins nuls» sont majoritaires, la gestion des affaires publiques ne peut se faire sans le courant nationaliste. Depuis 1995, la constante électorale est la même alors que la société change à chaque génération.
A. E.
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