Algérie

« Les films doivent être vus »




« Les films doivent être vus »
Sid-Ali Mazif active toujours. Né en 1943 à Alger, il débute comme assistant réalisateur dans le film « Vingt ans à Alger » de Marc Sator. Il a, ensuite, étudié à l'Institut national du cinéma. C'est entre 1965 et 1976 qu'il commence à réaliser ses premiers films comme « Sueur noire », « Les nomades » et « Leila et les autres ». Il est également le producteur exécutif de 25 longs métrages, et a occupé des postes comme secrétaire général de l'union des cinéastes algériens, puis de la section syndicale de l'Oncic. Il fut président de la commission de lecture de l'ENTV. Il a été aussi réalisateur et producteur exécutif de 200 numéros de l'émission enfantine « Sahla Mahla ». « Le patio », son dernier film, vient d'être présenté au public à El Mouggar. Il s'exprime à c?ur ouvert en marge d'une conférence de presse animée avec son équipe, samedi dernier.Parlez-nous des préparatifs du film...Je dois admettre que la réalisation de ce film a été difficile, notamment avec la première production du Centre algérien pour le développement du cinéma(CADC), qui n'est pas assez expérimenté dans ce domaine. J'ai dû veiller au grain pour le bon déroulement du projet.Quel genre de difficultés avez-vous rencontrées lors de la réalisation 'Ce n'est un secret pour personne. Ce film a connu des déboires sans précédent. Au départ, il était destiné à être un documentaire que j'avais préparé en 2005. Cependant, on m'a empêché de le faire. Après avoir attendu, j'ai profité de l'organisation de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 », pour présenter le projet comme long métrage de fiction.En visionnant votre film, quelle critique pourriez-vous formuler 'Je pense avoir été fidèle au scénario. Malgré les difficultés, je reste satisfait du travail. Le scénario a fait l'objet d'une enquête qui a duré des mois. Dans tous mes films, je me base sur des enquêtes et des études qui durent des années et je collabore avec des sociologues et des spécialistes. Une fois toute la documentation réunie, j'écris le scénario et je l'adapte aux vues des personnages. Ce film est aux mains du public Il ne m'appartient plus. C'est au téléspectateur de juger de sa qualité. À travers le débat, les choses vont peut être bouger. Et pourquoi pas changer.Ne pensez-vous pas que l'utilisation des vues aériennes de la ville de Constantine était parfois excessive ' Y a-t-il une similitude avec le film de Yann Arthus Bertrand 'Pas du tout. Je ne pense pas que le survol aérien est excessif parce que Constantine n'a jamais été vue, sauf par le réalisateur français Yann Arthus Bertrand. Mon film est différent du sien. Si j'utilise le survol aérien, c'est pour introduire le lieu où je vais tourner. J'ai filmé la jeune femme sur un des ponts de la ville, là ou l'actrice Tinhinan, dans le rôle de Fatma, allait se suicider.Est-ce que le film sera en lice dans des festivals 'Il est difficile de répondre à cette question car j'ignore la réponse. J'ai assuré la réalisation du film, autrement dit ma mission est terminée.Quels sont les échos que vous avez eus lors de la projection 'A vrai dire, les échos sont plutôt bons et favorables. On attend les critiques de la presse.Quelle a été votre approche artistique et quel message comptez-vous faire passer 'Ce n'est pas la première fois que je traite le sujet de la femme. J'ai déjà réalisé une série de films documentaires sur la violence contre elles. Je pense c'est un sujet important, qui était tabou. j'ai réalisé un film documentaire « La cause des femmes » en 2005, qui traite des associations féminines depuis l'indépendance. Malheureusement, ils n'ont pas été diffusés par la télévision. Aujourd'hui, j'ai présenté « Le patio ». A travers ce film social, j'ai voulu montrer comment des femmes célibataires peuvent évoluer dans une société machiste.Comment avez-vous procédé au choix des comédiens ' Comme d'habitude, on organise un casting pour sélectionner les profils des acteurs recherchés.Parlez-nous de votre partenariat avec l'Onci pour ce film...Je voudrais remercier l'ONCI d'avoir mis à notre disposition l'espace mythique de la salle El Mougar. L'Office a commencé à diffuser « Le patio » depuis le 4 avril et tout au long du mois dans la salle avant une sortie nationale dans plusieurs wilayas. Je salue une démarche louable et l'effort qui permet au film d'être vu par beaucoup de monde. Il est important de savoir qu'il existe un grand nombre de films réalisés mais jamais distribués, pour des raisons inexpliquées. Il existe à l'Aarc une centaine de films (longs et courts métrages) réalisés dans le cadre de la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe 2007 ». Ils n'ont jamais été diffusés à la télévision ou au cinéma. Je demande aux autorités concernées de sortir les films, surtout que depuis l'indépendance, nous n' avons réalisé à peu près que 300 films.Vos films sont-ils toujours censurés ' Oui. Pire, on ne me fournit même pas d'explication. Je citerai « J'existe », réalisé en 1981, qui gravite autour de la condition de la femme arabe dans 14 pays dont la Syrie, l'Irak, la Libye, le Liban, la Tunisie et le Maroc. Il n'est jamais sorti.Aujourd'hui, les choses ont évolué...Exact. La preuve, « Le patio » est non seulement diffusé, mais distribué. Je souhaite qu'on fasse passer mes autres films qui sont des jalons pour l'histoire. Je laisse derrière moi des pierres blanches pour dire la condition de la femme à différentes époques. Ainsi, en 1981, on a formé les premières pilotes femmes qui ont piloté des avions supersoniques, des MIG russes. J'ai filmé celles-ci.D'autres projets 'Je compte d'abord faire une pause. J'envisagerai ensuite de réaliser un film de fiction sur les jeunes chômeurs drogués.




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