Algérie - A la une

«Les enregistrements des conversations inexploitables pour le moment»



«Les enregistrements des conversations inexploitables pour le moment»
L'enquête sur le crash du vol AH 5017, qui s'est produit le 24 juilletdernier au Mali, risque d'être encore plus difficile que prévu.Le directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) a annoncé, jeudi dernier dans une conférence de presse animée conjointement avec M. N'Faly Cissé, président de la Commission sur les accidents et incidents de l'aviation civile au Mali, que les données d'une des deux boîtes noires, celle qui enregistrait les conversations entre les pilotes, sont «inexploitables». «Je ne sais pas si nous arriverons à sortir une information ou pas», a déclaré M. Rémy Jouty.Le directeur du BEA n'a donc pas pu révéler les circonstances exactes qui ont amené au crash de l'appareil, un McDonnell Douglas MD83, qui devait relier Ouagadougou à Alger. Il a d'emblée, annoncé que les enregistrements des conversations de l'équipage espagnol de l'avion de la compagnie SwiftAir, affrété par Air Algérie, étaient pour l'instant «inexploitables.Il s'agit «vraisemblablement d'un défaut de fonctionnement sans lien avec les dommages résultant de l'accident».Il a tenu à préciser encore «la bande magnétique a été un peu endommagée. Il y a du signal sonore enregistré sur la bande, mais ce signal est inintelligible à ce stade». M. Jouty a indiqué, à ce propos, que le BEA s'est tourné «vers les meilleurs experts» pour tenter de lire le signal. Plus tôt dans la journée, Europe 1 avait révélé que les équipes du BEA auraient découvert que la seconde boîte noire ne fonctionnait pas au moment du vol. Une information que n'a pas confirmée M. Jouty qui a évoqué «un problème d'enregistrement dont on n'est pas en mesure de savoir encore la cause». Selon M. Cissé «nous avons la possibilité, grâce aux autres avions qui ont relayé la conversation, de faire le déroulement de ce qui s'est passé. Il y a également les dialogues avec les centres de contrôle qui sont conservés sur les enregistreurs au sol. Des demandes ont été envoyées aux pays concernés pour obtenir une copie de ces conversations».Le BEA, un organisme public à la compétence internationalement reconnue, chargé de l'enquête technique par les autorités maliennes a, par ailleurs, indiqué que l'avion se trouvait face à un développement orageux très important montant à plus de 15 000 mètres, donc impossible à survoler. Parmi les prochaines analyses prévues par le BEA, un modèle de comportement du MD83 dans ce contexte météorologique est prévu.M. Rémi Jouty a cependant présenté les informations récoltées de la première boîte noire, qui a enregistré les paramètres du vol (vitesse, altitude, trajectoire...) de l'avion. Sur une image satellitaire, le directeur du BEA a décrit les nombreux changements de trajectoire de l'avion qui a connu de «fortes variations en assiette longitudinale et en inclinaisons».M. Jouty a expliqué que selon les enquêteurs du BEA, le McDonnell Douglas MD83 a été pulvérisé à son impact au sol après avoir perdu de la vitesse et viré à gauche pour une raison encore indéterminée alors qu'il traversait une zone orageuse. «Quand on voit la trajectoire, cela conduit à penser que l'avion ne s'est pas désintégré en plusieurs morceaux en vol. Cela se justifie par la concentration des débris présents au sol», a estimé M. Jouty, ajoutant que «cela n'exclut pas des dommages en vol. Je ne pense pas que l'on puisse à ce stade exclure la thèse d'une action délibérée, mais on ne peut pas en dire plus pour l'instant». «La trajectoire de l'avion (...) fait apparaître une montée et un début de croisière normal, avec des changements de route modérés, typiques d'une stratégie d'évitement des développements orageux», a-t-il poursuivi. Il a expliqué que l'appareil avait décollé de Ouagadougou à 1h15, heure locale. «Environ deux minutes après le début de la croisière (...) la vitesse a diminué progressivement.» L'avion a viré, ensuite, à gauche avant de perdre, a-t-il relevé, rapidement de l'altitude, «avec des changements d'inclinaison et d'assiette très importants». «La rotation vers la gauche continue jusqu'à la fin de l'enregistrement. Et le dernier point enregistré, à 1h47mn15s, correspond à une altitude de 1 600 pieds (490 mètres), une vitesse de 380 n?uds environ (740 km/h) et une vitesse de descente extrêmement importante», a-t-il détaillé. La dernière information enregistrée à une seconde de l'impact révèle que l'appareil volait à 490 mètres avec une vitesse verticale descendante extrêmement importante. Ce qui amène à la conclusion que l'impact au sol étant très important, l'avion a été pulvérisé, environ 32 minutes après son décollage.En prenant la parole, M. N'Faly Cissé, le président de la Commission sur les accidents et incidents de l'aviation civile au Mali, a tenu à préciser que le BEA mène une enquête purement technique qui n'a pas pour but de rechercher et de déterminer les responsabilités pénales, du ressort de la justice. Sur le plan judiciaire, trois enquêtes ont été ouvertes : au Mali, en France et au Burkina Faso. Il a annoncé que le BEA remettra un rapport d'étape à la mi-septembre.Notons que beaucoup de travail reste à faire par les enquêteurs du BEA qui ont décrypté une poignée de paramètres, alors que les boîtes noires en enregistrent cinquante.Rappelons enfin que le McDonnell Douglas MD83, qui devait relier Ouagadougou à Alger, s'est écrasé dans le nord du Mali, faisant 116 morts dont 6 Algériens, 54 Français (pour certains binationaux), 23 Burkinabés et huit Libanais. Les six membres de l'équipage, tous Espagnols, ont été tués.H. Y.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)