Algérie

Les assassinats politiques au Liban


Beyrouth refuse la résignation A qui le tour ? », une question devenue récurrente au Liban depuis que les assassinats ont commencé et pas seulement depuis 2004 date de la mort de l?ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, victime du même procédé. De l?explosif, beaucoup de préférence, pour ne laisser aucune chance à la cible retenue, des témoins pour accroître le climat de terreur et en fin de compte aucune piste. Tout juste des soupçons qui ne font pas de coupables. Depuis l?assassinat lundi dans la banlieue chrétienne de Beyrouth du député Jebrane Tuéni, par ailleurs, patron de presse, les autorités veulent en finir avec ce cycle infernal, fait d?impunité, de terreur, et surtout de messages d?impuissance. « Je demande au Conseil de sécurité d?enquêter sur cette attaque terroriste (l?assassinat de Jebrane Tuéni) et tous les attentats commis depuis la tentative d?attentat contre Marwan Hamadé (octobre 2004) et je demande la constitution d?un tribunal à caractère international sur l?assassinat de Rafic Hariri, car il ne s?agit pas de l?assassinat de personnes, mais d?une menace terroriste contre tout un peuple », a ainsi annoncé le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, le soir de cet assassinat, dans une déclaration solennelle. « Nous ne céderons pas. Nous disons aux assassins que nous ne reculerons pas sur la voie de l?indépendance, de la souveraineté, de la liberté et de l?unité », a-t-il précisé avant une réunion extraordinaire du Conseil des ministres pour discuter des conséquences de l?assassinat de Jebrane Tuéni. On remarquera que M. Siniora, qui occupe ce poste depuis les élections législatives de juin dernier, s?est gardé de faire autant que certains de ses ministres en tentant d?orienter l?enquête qui sera ouverte. Une précaution de style, dira-t-on, que révèlent les mots choisis dans son message à la communauté internationale (indépendance, souveraineté, liberté et unité), lesquels traduisent toute la complexité de la question libanaise que l?on croyait réglée depuis la conclusion des accords inter-libanais de Taef en 1990, mais ceux-là n?avaient mis fin qu?à la forme violente, donc visible, et la plus coûteuse de la crise libanaise. Il a fallu attendre le mois d?avril 2005 pour que l?armée syrienne se retire effectivement du Liban, sous la pression de la communauté internationale, la précision n?étant pas là superflue. Mais d?autres questions sont soulevées par les autorités libanaises, à leur tête M. Siniora, comme la présence palestinienne. Y mettre fin suppose le retour des réfugiés palestiniens chez eux, ce à quoi s?oppose Israël. C?est dire la complexité de la question libanaise, caractérisée aussi par la poursuite de l?occupation israélienne dans un secteur - les Fermes de Chabaâ - qui donne accès aussi en Syrie. Les propos du Premier ministre libanais soulèvent de quelque manière que ce soit, la crise du Proche-Orient, et Ghassan Tueni, le père de Jebrane assassiné lundi, a réussi il y a exactement 25 ans à porter un regard aussi lucide que pertinent dans son livre Une Guerre pour les autres. Devant une situation que la morale réprouve, la communauté internationale a vivement condamné l?assassinat de lundi. En outre, le Conseil de sécurité a décidé le même jour des consultations impromptues « sur la situation au Proche-Orient ». Mais selon une source diplomatique, c?est de l?assassinat de M. Tuéni qu?il sera question, aucune réunion n?ayant été initialement programmée. Ce qui traduit par ailleurs toute la difficulté à aller vers un règlement de cette crise, et l?objection algérienne devant le Conseil de sécurité, révélée la semaine dernière par le délégué américain, n?en est qu?un élément. Très certainement, et en homme avisé, le Premier ministre libanais heureux, il y a quelques mois, d?annoncer l?ouverture de négociations avec la Syrie en vue de normaliser les relations entre les deux pays, a utilisé les mots qu?il faut, sans rien rajouter, puisqu?il y a va de l?existence du Liban en tant qu?Etat. Ce serait alors la non-assistance à Etat en danger.


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