
L’Algérie a été secouée par une série d’accidents de bus tragiques, dont le plus récent à El Harrach, qui a coûté la vie à 18 personnes et blessé de nombreux autres. Ce drame, survenu en août 2025, a mis en lumière l’état critique des transports en commun, en particulier des bus et camions en circulation. Ces accidents à répétition ne sont pas des incidents isolés, mais le symptôme d’un problème structurel profondément enraciné dans le système de transport algérien. Alors que le gouvernement a réagi en interdisant les véhicules de plus de 30 ans, cette mesure, bien que nécessaire, ne s’attaque qu’à la surface d’une crise bien plus complexe.
L’une des principales raisons de ces accidents est l’âge avancé des bus et camions utilisés pour le transport public et commercial. Beaucoup de ces véhicules, datant des années 1980 ou 1990, sont dans un état de délabrement avancé, avec des systèmes de freinage défaillants, des pneus usés et des moteurs mal entretenus. Cette vétusté, combinée à un manque d’inspections techniques rigoureuses, augmente considérablement les risques d’accidents. Par exemple, l’accident d’El Harrach a été attribué à une défaillance mécanique d’un bus n’ayant pas passé de contrôle technique depuis des années.
Le parc automobile algérien souffre également d’un manque de renouvellement. Les opérateurs privés, qui dominent le secteur du transport en commun, manquent souvent des moyens financiers pour investir dans des véhicules modernes. De plus, l’absence de subventions ou de programmes de financement accessibles limite leur capacité à moderniser leurs flottes, laissant des véhicules obsolètes sur les routes.
Au-delà de la vétusté des véhicules, l’état des infrastructures routières joue un rôle crucial dans cette crise. De nombreuses routes algériennes, en particulier dans les zones périurbaines et rurales, sont mal entretenues, avec des nids-de-poule, un éclairage insuffisant et un manque de signalisation claire. À El Harrach, par exemple, des témoignages ont pointé du doigt l’état de la chaussée et l’absence de barrières de sécurité comme facteurs aggravants de l’accident.
Le réseau routier algérien, bien qu’ayant bénéficié d’investissements dans les autoroutes ces dernières années, reste inadapté au volume croissant de véhicules et à l’intensité du trafic. Les routes secondaires, souvent utilisées par les bus interwilayas, sont particulièrement négligées, rendant les trajets dangereux, surtout la nuit.
Un autre aspect souvent négligé est le facteur humain. La surcharge des bus, une pratique courante pour maximiser les profits, compromet la stabilité des véhicules et allonge les distances de freinage. De plus, le manque de formation adéquate des chauffeurs, combiné à des horaires de travail exténuants, contribue à des erreurs humaines fatales. Les excès de vitesse et le non-respect du code de la route sont également des problèmes récurrents, exacerbés par un contrôle policier insuffisant sur les routes.
La réponse du gouvernement, qui a interdit les véhicules de plus de 30 ans, a été accueillie avec un mélange de soutien et de scepticisme. Si cette mesure vise à éliminer les véhicules les plus dangereux, elle ne résout pas les problèmes systémiques. Les citoyens et les observateurs critiquent l’absence d’un plan global pour moderniser le secteur des transports en commun. Les subventions promises pour remplacer les vieux véhicules tardent à se concrétiser, et les programmes de formation des chauffeurs restent limités.
Sur les réseaux sociaux, des hashtags comme #SécuritéRoutièreDZ et #TransportPublic reflètent l’indignation populaire face à ce que beaucoup perçoivent comme une négligence de longue date. Les critiques soulignent également la corruption dans le système de contrôle technique, où des véhicules non conformes obtiennent des autorisations grâce à des pots-de-vin.
Pour répondre à cette crise, des réformes structurelles s’imposent. Parmi les solutions envisagées, on peut citer :
Modernisation du parc de transport : Mettre en place des incitations financières, comme des prêts à faible taux d’intérêt, pour permettre aux opérateurs de renouveler leurs flottes.
Renforcement des contrôles techniques : Instaurer des inspections régulières et indépendantes pour garantir la conformité des véhicules.
Amélioration des infrastructures routières : Investir dans l’entretien des routes secondaires et l’installation de signalisations modernes.
Formation et sensibilisation : Développer des programmes de formation obligatoire pour les chauffeurs et des campagnes de sensibilisation sur la sécurité routière.
Renforcement des sanctions : Appliquer des amendes plus sévères pour la surcharge, les excès de vitesse et le non-respect des normes de sécurité.
Les accidents comme celui d’El Harrach ont provoqué une onde de choc à travers le pays, ravivant le débat sur la sécurité routière et la responsabilité de l’État. Les familles des victimes et les citoyens exigent des comptes, tandis que les appels à des réformes urgentes se multiplient. Cette crise, bien que tragique, pourrait être une opportunité pour l’Algérie de repenser son système de transport en commun et de prioriser la sécurité de ses citoyens. Cependant, sans une action concertée et rapide, le pays risque de voir se répéter ces drames évitables, au détriment de vies humaines et de la confiance publique.
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Ecrit par : Rédaction