Algérie

Le Zoom du Samedi


Un anniversaire et des bougies en cire humaine La semaine a été violente, à l’image de toutes les précédentes. Dans les différentes parties du globe, l’actualité avait la couleur du sang et le goût des larmes. En Afghanistan, la coalition n’en finit plus de subir le retour des Talibans. L’Europe se rallie, pour ne pas changer, derrière les Etats-Unis d’Israël pour refuser de composer avec le nouveau gouvernement palestinien. On exhibe le Darfour, et sa situation humanitaire avec comme toile de fond un protectorat sur le Soudan. Le nucléaire coréen et les tergiversations russes concernant le nouveau réacteur iranien. L’an IV de la colonisation américaine de l’Irak. Chez nous, le prix de l’eau du robinet va augmenter. A défaut de visas du Canada, on aura les patates du Canada. Benbouzid veut, de nouveau, réinventer l’école. Autant de dossiers qui ont fait l’actualité cette semaine, à consommer avec modération. Buscherie en Irak, an IV Le génocide irakien vient de souffler sa quatrième bougie alors que l’administration américaine et son officine irakienne se félicitent de la réussite, même relative, du nouveau plan de sécurité mis en place par les stratèges du Pentagone. L’an IV de la colonisation de Baghdad a charrié dans son sillage des dizaines de milliers de morts arabes, des centaines de milliers de paires de jambes fuyant l’enfer de la démocratisation de l’Irak en partance vers les frontières «amies» et surtout des décennies de vendetta et de haine entre les fils d’un même peuple. Un fossé qui se creuse, un peu plus, chaque jour, à chaque cadavre découvert, à chaque kamikaze décomposé, à chaque mosquée plastiquée, à chaque voiture piégée, à chaque visage torturé. L’an IV ressemble à s’y méprendre à ses trois premières sœurs et leur succède, dans le sang, instituant par là, le règne de la terreur et du cynisme colonial. La présence militaire américaine et anglaise; les autres uniformes ne servant qu’à la légitimation internationale imposée par Washington en contrepartie d’une carte de membre à l’Otan ou de quelques chèques distribués sous les tables; a de belles années devant elle et ce ne sont, certainement, pas les cris des pacifistes des deux bords qui y changera grand-chose. A travers le scandale d’Abou Ghraïb, les assassinats de civils, les escadrons de la mort, le pétrole des kurdes, le pouvoir des chiites, la résistance, l’ombre de Téhéran, la main wahhabite, l’impuissance et l’hypocrisie arabes, le long cou israélien, c’est l’Irak qui est devenu, après la chute de son Maître, un vaste et sanglant laboratoire à ciel ouvert pour des apprentis sorciers de toutes nationalités. Les Irakiens sont, à leur corps défendant, les cobayes d’expériences politiques et de recomposition du monde. L’an IV du calendrier de l’Apocalypse c’est également ces cercueils rapatriés, drapés dans la bannière étoilée, ces déserteurs de l’armée américaine, préférant fuir le sol natal que d’aller se faire zigouiller pour le plaisir biblique de double V, ces confessions de Marines, pétant les plombs. Une année est passée à supporter les terribles images que nous renvoient les satellites, à écouter les explications creuses et schizophrènes d’un Maliki sur la non ingérence dans les affaires internes de son gouvernement, à méditer les arguments de double V sur la présence des noirs et des hispaniques américains aux premières lignes, à se repasser la triste pendaison de Saddam et de ses lieutenants après un simulacre de procès sous les bonnes auspices américaines. Ce qu’il faut retenir ? S’il y a une leçon à retenir après ce quartette d’années passées à compter les morts et les exilés, c’est bien celle d’une impuissance internationale à remettre de l’ordre dans la maison onusienne. Des ADM (armes de destruction massive) brandies comme menace à la face du monde libre -sous entend l’Europe et Israël-, on ne retrouvera que les ADN des Irakiens semées aux quatre coins du pays. Ce qu’il faut retenir, c’est cette implacable réalité des statistiques des linceuls quotidiens, de l’espérance de vie réduite à un hasard qui vous fait emprunter une rue où un kamikaze a décidé de tout perdre ou de tout gagner, c’est selon. Ce qu’il faut retenir c’est que les Irakiens peuvent décéder sous toutes les formes. La mort y est ethnique, confessionnal, d’obédience partisane, vestimentaire, selon la longueur de la barbe, d’après le dosage du kohol. Tout est prétexte au trépas et le plus tragique dans l’histoire, c’est que la situation continue à s’envenimer jusqu’à déboucher sur une guerre civile aux dangereux relents religieux entre chiites et sunnites. Pour la première fois de l’Histoire moderne, les musulmans se découvrent un autre ennemi que l’héréditaire état israélien et les langues n’hésitent plus à verser dans le vocabulaire guerrier à l’adresse de la voisine Perse chiite. Là où des années de diplomatie et de dollars américains, de coups tordus et agressions israéliens, de veuleries et de poignards arabes plantés dans le dos fraternel n’ont pu aboutir, des bombes réparties entre Irakiens chiites et sunnites par les services secrets étrangers et leurs barbouzes arabes sont en train de faire le lit de la guerre intercommunautaire. Si tels seront les lendemains proches avec le démembrement programmé de l’Irak, il est facile de deviner la suite des opérations avec la réémergence de Tel-Aviv sur l’échiquier régional. Israël, après son échec consommé face aux chiites du Hezbollah, malgré les applaudissements du Caire, de Aman, de l’intérieur même du Liban et des autres émargeant au bas des fiches de paie américaines, sera en mesure de dicter ses lois et de faire taire, une bonne fois pour toute, toute velléité de résistance. Histoire d’eau Le ministre de l’Eau a auguré de prochaines augmentations du prix du litre de flotte. Après l’électricité de Sonelgaz, l’essence de Sonatrach, l’eau se rappelle au bon souvenir des poches algériennes pour motif que leur robinet consomme presque à benks le précieux liquide propriété de la République. Produit de luxe dans les années 80, absent des semaines et des mois des maisons, il n’en demeurait pas néanmoins l’apanage d’une certaine classe sociale hissée sur le dos du peuple. Les piscines ne désemplissaient pas et la vue des jerricans offusquait le regard de ces seigneurs. La plèbe organisait des parties de chasse au point d’eau et à chaque découverte d’un puits caché dans la jungle urbaine c’est la ruée vers l’eau. Les années passèrent et ceux qui se prélassaient devant les piscines eurent plus d’argent, plus de garanties, plus de parenté avec le pouvoir. La populace continuait à végéter dans ce qui restait de leur pays à la recherche du temps perdu. L’eau était toujours wanted, la faute à l’envasement des barrages, à la sécheresse, aux fuites d’eau forcées, aux branchements illicites, aux mauvais payeurs, aux forages sauvages des puits, et c’est pour cela que le gouvernement sévit contre ces citoyens de seconde zone en revoyant à la hausse les factures, histoire de leur rappeler qu’il y a un berger qui veille et que s’ils ne sont pas contents qu’ils aillent déposer une plainte. L’eau, l’électricité, le pain, l’huile, le lait, le carburant, il ne reste plus qu’à taxer l’air, comme ça ils pourront éliminer les plus improductifs des Algériens et ne garder que ceux qui peuvent assurer les rentrées d’argent. L’eau est revenue après que le ciel eut pitié des survivants et les robinets retrouvèrent leur raison d’exister en Algérie. Mais les problèmes persistèrent et les nationaux, de plus en plus mauvais, gaspillèrent le liquide en érigeant des salles de bain individuelles et en remisant les jerricans dans les placards de la mémoire. Les yeux des surveillants ne cillèrent pas et la sentence de tomber. Augmenter le prix de l’eau! Crièrent les garants de la République. Changez nous de peuple! Supplièrent leurs enfants. Le peuple, la tête basse, reprit ses jerricans comme il réinstalla sa parabole analogique. L’histoire ne dit rien sur la nature de l’augmentation ni sur ce qui restait comme eau à rationner. Les piscines, quant à elles, n’eurent jamais soif. NB: Pour tailler une bavette avec moi et me dire le fond de vos pensées contactez moi au saadoussi@yahoo.fr   Saâd Doussi


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)