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«Le véritable moyen de résilience viendra d'un changement de modèle économique»



«Le véritable moyen de résilience viendra d'un changement de modèle économique»
-Le Trésor public a été le principal pourvoyeur de dépenses ces dernières années. Comment expliquer que l'Etat soit le premier investisseur du pays 'Il s'agit avant tout d'un choix de modèle économique. Ce modèle est basé sur un programme d'investissements publics massifs en infrastructures, équipements, BTP, etc. Le problème est qu'il est dépendant des recettes pétrolières que nous savons «volatiles». Ensuite, la faiblesse de l'investissement privé direct étranger est probablement liée au manque d'attractivité du «site Algérie». Les classements Doing Business de la Banque mondiale (154e sur 185 pays), mais aussi de liberté économique de la «Heritage Foundation » (146e sur 186 pays et 14e sur 15 dans la région MENA) le reflètent.Enfin, notons également un problème de transformation de l'épargne et des liquidités (quelque 30 milliards de dollars de liquidités bancaires au premier semestre) en investissements. Les banques publiques prêtent peu, les marchés financiers sont à l'état embryonnaire, les fonds de pension et de private equity sont inexistants ou très peu présents et les banques internationales, minoritaires dans la récolte de dépôts, orientent leurs prêts vers la consommation (et donc principalement vers l'importation).-Le gouvernement parle de certains projets qui seront financés par le marché financier face à la baisse du pétrole. Est-ce réellement possible connaissant la nature des investissements qui sont consentis par l'Etat 'Développer les marchés financiers est une démarche positive et importante, a fortiori étant donné les excès de liquidités mentionnés. Pour augmenter la liquidité et la profondeur du marché, des privatisations sélectives (notamment de banques publiques) pourraient être mises en place. Un tel programme devrait s'inspirer des meilleurs pratiques et se baser sur des «études de cas» internationales en ciblant les secteurs adéquats. Une autre option serait d'utiliser le Fonds national d'investissement (FNI), qui pourrait utiliser les marchés pour «sortir» de certains investissements par l'appel public à l'épargne. Pour ce qui est de son utilisation pour «alléger la pression» sur le budget de l'Etat, en finançant, par exemple, des projets d'infrastructures, de nouveaux instruments devraient être créés : fonds infrastructures (dette et equity), Social Impacts Bonds, etc.A titre d'illustration, en France, des fonds de prêts à l'économie ont été créés récemment pour financer l'économie réelle. Certains fonds sont axés sur la dette infrastructures et permettent de lever des capitaux privés pour financer des projets de construction ou d'extension d'infrastructures (énergie, télécommunications, etc.). Une autre innovation récente, les obligations à impact social (Social Impact Bonds) a vu le jour en 2010 au Royaume-Uni et a été adoptée depuis par les Etats-Unis et d'autres pays développés. Son avantage est d'introduire une «discipline» dans le budget de l'Etat qui ne paierait les projets qu'à certaines conditions de performance. Ces obligations, très proches des partenariats public/privé, pourraient contribuer à financer certaines actions sociales. Toutefois, cette dynamisation du marché financier est une condition nécessaire mais non suffisante pour réaliser le changement de modèle que vous évoquez.-Dans quelle mesure le marché financier ainsi que le secteur privé peuvent-ils être un moyen de résilience face à la fragilité des dépenses publiques 'Les marchés financiers ne sont qu'un outil, parmi d'autres, pouvant faciliter l'allocation de capitaux à des projets d'investissement rentables. Le véritable «moyen de résilience» à la fragilité des dépenses ne peut venir que d'un changement de modèle économique. En effet, au-delà du financement de quelques projets (infrastructures, équipements, etc.) par les marchés, la question stratégique-clé est celle du passage à une véritable politique de l'offre axée sur l'entreprise pour diversifier l'économie.Cette politique devrait s'accompagner d'efforts visant à faire de l'attractivité l'objectif prioritaire. Il ne faut pas oublier que dans un contexte de mobilité des capitaux et de mondialisation, l'Algérie est en compétition avec ses voisins et plus largement avec les économies émergentes pour attirer les capitaux. J'ajouterai, pour conclure, qu'une piste pourrait également être étudiée : faire basculer une partie du secteur informel vers le secteur formel. Ce secteur contribuerait à une part non négligeable du PIB et de la création d'emplois. De plus, les «entrepreneurs informels» connectés à l'économie mondiale pourraient stimuler l'innovation et améliorer la résilience de l'économie.





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