Algérie

Le terrorisme et les médias


La chaîne qatarienne Al Jazeera a diffusé plusieurs jours en boucle les vidéos du GSPC liées à ses derniers actes terroristes. L?absence d?un traitement journalistique critique et en profondeur de ces images fait que ce média restitue quasiment tel quel le travail de propagande effectué par l?organisation terroriste. Cette pratique, Al Jazeera l?a déjà expérimentée dans sa couverture des guerres d?Afghanistan et d?Irak : Al Qaïda et ses ramifications ont bénéficié ? et jouissent toujours ? d?un traitement privilégié et d?une approche journalistique complaisante. Ce choix éditorial, cette télé le crédibilise en entretenant savamment l?amalgame entre les organisations qui mènent un combat libérateur, tels le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, et les groupes terroristes djihadistes. A l?évidence, ce qui est recherché dans ce dangereux mélange des genres, c?est l?adhésion de millions de téléspectateurs arabes aux thèses et aux pratiques de la mouvance Al Qaïda. Notre propos n?est pas de disserter sur les motivations d?Al Jazeera, mais de relever combien elle fait du tort au monde arabo-musulman, dont l?Algérie. Notre pays subit aujourd?hui ce média comme il a subi hier, durant la décennie de la terreur, les télés occidentales. Sous l?influence du discours politique dominant dans les capitales outre-Méditerranée, celles-ci avaient sous-estimé la nature et les motivations réelles des intégristes religieux. Ces derniers étaient présentés comme des « opposants politiques » en lutte contre des généraux « agrippés » à leur pouvoir et à leurs privilèges. C?était le temps du « Qui tue qui ? » que la résistance républicaine des Algériens a fini par balayer au prix d?un bain de sang et d?incroyables souffrances morales. Malgré cela et en dépit des leçons apportées par la destruction des tours jumelles de New York, le terrorisme qui sévit en Algérie reste mal appréhendé par les médias occidentaux, prompts à réagir sur des attentats en Egypte, au Maroc ou en Arabie Saoudite, mais pas sur le cortège des morts dans notre pays. Mais la sous-estimation du fait terroriste reste également algérienne. Les médias publics nationaux l?évoquent peu sous la pression de la sphère officielle qui craint un effet publicitaire aux actes terroristes et sous l?effet du discours rassurant lié à la réconciliation nationale. Or les experts démontrent que la vigilance et la sensibilisation d?une population s?acquièrent par une information conséquente et dense. Le silence et la banalisation d?actes terroristes sont source de démobilisation et peuvent être assimilés à de la faiblesse, voire de la complaisance. La guerre contre le terrorisme se mène aussi par l?information. Le GSPC et par extension Al Jazeera ont compris l?importance de cette arme pour faire passer leurs messages et défendre leur cause.


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