Algérie

Le SNJ adresse un mémorandum aux candidats aux législatives


Les futurs députés libéreront-ils la presse ? Pour la première fois depuis l’avènement de la pluralité médiatique, une association représentant la corporation de la presse, à savoir le SNJ, a jugé bon d’adresser un mémorandum de huit pages aux partis politiques et leurs candidats aux législatives. Cette initiative est intervenue à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse. «Participez à libérer la presse, l’histoire vous jugera!» Telle est l’entame du mémorandum adressé par le SNJ (syndicat national des journalistes) aux principales formations politiques et les futurs députés à qui il est demandé de consacrer la dépénalisation du délit de presse consigné dans les articles 144 bis et 144 bis-1 prévoyant des peines d’emprisonnement allant de trois mois à deux années de prison ferme et des amendes pouvant aller de 500.000 à 2.500.000 dinars. Dans le chapitre introductif, le SNJ estime que le journaliste algérien, qui assure le droit à l’information, principe consacré et garanti par les lois de la République pour le citoyen, et qui a payé un lourd tribut durant la décennie noire, avec pas moins de 116 journalistes et assimilés morts entre 93 et 97, est depuis avril 2001, otage de ces amendements du code pénal validés par les deux chambres parlementaires, à savoir l’APN et le Conseil de la nation. Du coup, sept journalistes ont purgé des peines d’emprisonnement allant de deux mois à deux années de prison depuis 1999, alors qu’entre 2004 et 2005, ils sont 18 à être condamnés à la prison ferme. Pour le SNJ, «les condamnations en série des professionnels des médias, 200 selon le chiffre annoncé dans le document portant grâce présidentielle du 5 juillet 2005, sont là pour attester, si besoin est, d’une instrumentalisation systématique de l’appareil judiciaire chaque fois qu’un produit journalistique est jugé hors des normes officiellement établies. Aussi, ajoute le SNJ, «les mesures de clémence décrétées au profit des journalistes, objet de poursuites judiciaires pour délit de presse, ne sont nullement de nature à restaurer la liberté de la presse en Algérie, tant que demeurent des dispositions coercitives du code pénal». Par ailleurs, dans le mémorandum adressé aux candidats aux élections législatives, le Syndicat national des journalistes leur propose un questionnaire basé sur six principaux axes. Sur le chapitre de la charte de l’éthique et de la déontologie des journalistes, le SNJ veut savoir de chacun des candidats s’il est prêt à abroger les dispositions du code pénal ou s’il est d’accord pour la consolidation des mécanismes d’autorégulation contenus dans la charte de l’éthique adoptée par les journalistes en 2002, ainsi qu’un probable appui pour renforcer les attributions et les prérogatives du conseil de l’éthique. Sur le chapitre des droits des journalistes, le SNJ leur demande, entre autres, s’ils sont favorables à l’adoption d’un statut pour ces professionnels et s’ils s’engagent à interpeller le gouvernement au sujet de l’application rigoureuse de la législation de travail dans le domaine des médias. En ce qui concerne le Conseil supérieur de l’information, institué par le code de l’information d’avril 90, le syndicat national des journalistes s’interroge si les candidats aux législatives du 17 mai s’engagent à relancer cette instance de régulation dissoute depuis le 26 octobre 93. A propos de l’édition des publications périodiques dont une centaine de demandes est bloquée au niveau de la direction presse et communication du département de la Justice, le SNJ leur demande s’ils sont pour la réactivation de l’article 14 du code de l’information de 90 qui permet à chaque citoyen ou parti politique de lancer un journal, un mois après avoir déposé un dossier auprès du procureur de la République territorialement compétent. Le SNJ interpelle les futurs députés à mettre tout leur poids pour exiger des autorités la levée définitive du monopole de l’Etat sur la publicité des institutions publiques répartie selon lui d’une manière discriminatoire et le déblocage de la loi sur la publicité. Enfin, le SNJ souhaite des futurs parlementaires de plaider pour l’ouverture du champ audiovisuel à la concurrence privée. Une fois ce pas franchi, conclut le SNJ dans son mémorandum, l’Algérie pourrait passer de la deuxième génération des droits de l’homme, au niveau de la liberté de la presse, à la troisième génération constituant celle des droits à la communication.


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