Le SG de l'UGTA: «Les augmentations des salaires exigent une économie forte»

Invité de la Radio nationale, hier lundi, le Secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Amar Takjout, a fait un large tour d'horizon autour du monde du travail, notamment en ce qui concerne l'augmentation des salaires et la sauvegarde du pouvoir d'achat des travailleurs.

«Si on augmente les salaires et, en face, nous avons une tendance inflationniste haussière, cette augmentation sera consommée en six mois ou une année au plus», a expliqué le premier responsable de la Centrale syndicale, ajoutant que «les augmentations de salaires exigent une économie forte». «On doit se pencher sérieusement sur les entreprises en difficulté et celles qui doivent produire davantage et qui nécessitent des aides de l'Etat pour parler d'augmentation de salaires», a-t-il souligné. Pour le SG de l'UGTA, les mesures qui ont été prises par le Gouvernement au profit des entreprises «doivent être traduites, sur le terrain, pour prétendre construire une économie forte avec un suivi sur le terrain, nous avons opéré une augmentation de 47% au profit des travailleurs de la Fonction publique, mais quand on parle avec les fonctionnaires, ils évoquent toujours des problèmes, ceci pour dire qu'il n'y pas que les salaires pour améliorer la situation des travailleurs». Il a préconisé une maîtrise des prix, y compris des coûts du logement et de la location. «Aujourd'hui, le travailleur a pleinement besoin de profiter du système ‘3X8', c'est-à-dire huit heures de travail, huit heures de repos et huit autres heures de loisirs, ce sont des acquis qui datent depuis le 1er Mai 1886, parce que c'est aussi cela le syndicalisme», a-t-il argumenté.

«Les retraites, un dossier sensible»

Evoquant le dossier des retraites, l'invité de la Radio a estimé qu'il s'agit-là «d'un sujet sensible» et qu'«on doit s'interroger pourquoi les travailleurs demandent à partir après 32 ans de carrière». Rappelant que le dossier est à l'étude au niveau de l'UGTA, Takjout a affirmé qu'«on doit prendre en considération le facteur financier. Cette exigence ne doit pas impacter le Trésor public, et si ce n'est pas le cas, pourquoi ne pas répondre à cette revendication ?», s'est-il interrogé. En d'autres termes, a expliqué le SG de l(UGTA, «tout le monde devra s'y mettre pour maintenir le système à répartition intergénérationnel pour consolider le système de solidarité nationale, ce sont les travailleurs qui approvisionnent la Caisse des retraites et non l'Etat, tout cela exige plus de pédagogie et aller vers le citoyen pour le sensibiliser», a-t-il affirmé.

Abordant la question du dialogue social qu'il juge «primordial» Amar Takjout a souligné que «toutes les parties doivent communiquer davantage et comprendre ensemble la situation de notre pays ; Gouvernement, Syndicat et Patronat doivent discuter davantage via le mécanisme de la tripartite et le Patronat doit s'impliquer à travers ses organisations professionnelles».

«Un décalage flagrant»

Par ailleurs, le chef de file de l'UGTA a déploré le manque de militantisme au sein de la Centrale syndicale. «On ne peut pas parler d'un front puissant sans militantisme, les intérêts personnels ont, fort malheureusement, dominé au sein de notre organisation», a-t-il argumenté, estimant qu'«un long travail au plan organique est nécessaire avec des rencontres, des échanges, des congrès et des espaces de débat pour apprendre à se parler et mieux communiquer pour faire aboutir nos revendications». Tout en se félicitant des récentes mesures prises par le président de la République, pour améliorer les conditions des travailleurs, Takjout a relevé un «décalage flagrant» au sein des Syndicats : «ce sont les gouvernants qui sont beaucoup plus sensibles aux préoccupations des travailleurs plus que les Syndicats alors que c'est au syndicat de faire entendre les attentes des travailleurs et non le contraire», a-t-il martelé.

Au plan des enjeux géostratégiques dans le monde du travail, le SG de l'UGTA a estimé que «la sensibilisation des travailleurs est le seul garant pour constituer un front interne puissant», a-t-il conclu.