Algérie

Le renouvellement pour quand '




Les assises sur le développement local se sont achevées hier avec une série de recommandations datées. Le Conseil national
économique et social a terminé son tour d'Algérie en donnant la parole à une frange de la population jusque-là inaudible de la part des décideurs. Emeutes, plaintes et cris de détresse ne permettaient pas à ces Algériens de se faire entendre. Il a fallu attendre que le chef de l'Etat demande à une institution de la République d'écouter les citoyens pour qu'enfin des choses soient dites et consignées. Des mots comme marginalisation, hogra et discriminations soient enfin transcrits dans un discours et un rapport officiels. Les lois ne sont peut-être pas bonnes. La centralisation de la décision est certainement trop forte. Les budgets alloués sont sûrement insuffisants. Mais il y a une carence contre laquelle les lois, les budgets et la bureaucratie centrale ne pourront rien : la faiblesse de la formation de la ressource humaine. Les élus des APC et APW, les chefs de daïra et les walis sont à la tête d'une administration pléthorique et inadaptée. Comme le disait si bien le secrétaire général d'une APC de la capitale : «S'ils avaient fait des études, ils ne travailleraient pas dans une mairie.» Cela vaut aussi pour le choix des élus par les partis politiques. Les militants politiques se voient tous devenir députés ou ministres. Hormis l'épisode d'un ex-ministre devenu P/APC de la bourgade d'El Khroub, tous les politiques se sentiraient amoindris s'ils venaient à gérer leur commune de naissance ou de résidence. En Algérie, la politique est le seul ascenseur social après le trabendo. Cette disqualification de l'administration locale par tous les acteurs pose un réel problème. Les Algériens étant plus enclins à servir l'Etat (Edawla) que leurs concitoyens.La demande sociale augmente chaque jour. Les jeunes ne veulent plus vivre dans des villages isolés où la seule activité consiste à jouer aux dominos dans le café du coin ou un match de foot dans un terrain vague. Les besoins s'expriment dans cette volonté de fuir autant son village pour aller dans une grande ville que de quitter son pays pensant que l'herbe est plus verte en Europe.
A l'ère des nouvelles technologies de communication, l'administration territoriale est face à des enjeux importants. Une agglomération, un village ou une ville, ne saurait se résumer à des logements, une école et une mairie. Il s'agit de pourvoir, dans une distance
raisonnable, à tous les besoins, qu'ils soient d'ordre médical, culturel, ludique, sportif, de travail ou technologique.L'être humain ne s'installe dans un endroit que s'il s'y sent en sécurité et peut y pourvoir à ses besoins. Le défi est de taille pour une administration et des citoyens qui pensent tout savoir sur tout. La mentalité «parti unique» et le populisme sont les deux choses les mieux partagées en Algérie. Il s'agira, pour 2012 et les années à venir, de transformer les mentalités après avoir changé les lois en 2011. Plus de prérogatives, d'argent sans ressources humaines et sans vision ne fera que différer les problèmes de quelques mois ou années. Le renouvellement de la vision globale est nécessaire. Celui des élites aussi.
A. E.


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