Le PS en mal de diversité Les listes des municipales 2008 provoquent la grogne chez les «beurs»

Emise en 2004 sur le ton de «je vous mets au défi», la prédiction de Tokia Saïfi est en passe de se confirmer. Les noms à consonances maghrébine et africaine risquent d'être réduits à la portion congrue sur les listes socialistes pour les municipales et les cantonales de mars 2008. A en croire des potins de presse et les bruits des couloirs socialistes, le second round électoral de l'ère Sarkozy ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour les politiques de la «diversité». Le nombre de candidatures beurs et blacks serait très en deçà des engagements de la direction du Parti socialiste. Lors d'un colloque qu'elle avait coorganisé avec le maire d'Issy-les-Moulineaux, André Santini, sur la visibilité politique des Français issus de l'immigration, l'ancienne ministre de l'Ecologie et du Développement durable avait ironisé sur les «promesses sans lendemain» des socialistes. Aux beurs et noirs de toutes obédiences présents dans la salle, elle avait lancé : «Sur cette question, la droite sera en avance sur la gauche». Première femme de l'immigration à être entrée dans un gouvernement, la Franco-Algérienne n'était pas dans l'excès sémantique. Quatre ans et deux scrutins à mandats plus tard, son propos est toujours teinté de véracité. Quand la droite confectionne sereinement ses listes pour la course aux mairies, le PS éprouve toutes les peines du monde à ficeler les siennes. Le 15 décembre, le parti de François Hollande tiendra une convention nationale consacrée à la ratification des candidatures pour les conseils municipaux. A un mois de l'échéance, la confusion et les incertitudes battent leur plein. Au nombre réduit de places réservées aux militants de la diversité, s'ajoute un signe de mauvais augure pour la vie du parti: les querelles autour des investitures. «Le nombre prévisible des candidats de la diversité s'annonce, au final, bien maigre», prédit Le Parisien, journal hexagonal le mieux informé sur la vie politique des Français issus de l'immigration. Même si aucun chiffre n'a été avancé, le quotidien croit savoir que les Maghrébins et Africains encartés PS se contenteraient du minimum réduit à sa plus simple expression. Plus que le nombre de positions réservées à la diversité, le problème tient aux guéguerres organiques entre les candidats de la diversité eux-mêmes. Sous l'oeil passif de Solférino, siège national du parti, les challengers potentiels s'invectivent et s'attaquent à coups de tracts et de lettres. C'est le cas de Akli Mellouli, éliminé de la liste de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne, région parisienne). Selon Le Parisien, il aurait fait les frais d'un «tract diffamatoire». Secrétaire national, Faouzi Lamdaoui n'est pas assuré, lui aussi, de partir à la conquête de la mairie d'Argenteuil. En dépit de sa proximité avec le premier secrétaire François Hollande, ce militant originaire du Constantinois n'a pas obtenu l'onction de la fédération PS du Val-d'Oise, dirigée par les proches de l'ancien ministre des Finances et actuel directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Rentré en politique grâce - entre autres encouragements - à Georges Morin, président de l'association «Coup de soleil», Lamdaoui refuse de jeter l'éponge. Il donne l'impression de vouloir se présenter à tout prix. Il s'estime «plus légitime» que Philippe Doucet, choisi pour l'investiture de la fédération départementale. Aux dernières législatives, «j'ai réalisé le meilleur score du PS (49%) dans la circonscription». Le Franco-Algérien a raté d'un petit nombre de voix son élection à l'Assemblée nationale.