Algérie

Le professeur Kamel Bouzid répond à l’Institut The Lancet Oncology




«Le cancer ne tue pas plus en Algérie qu’ailleurs» C’est la polémique depuis qu’une étude scientifique britannique, dont les résultats ont été rendus publics le 17 juillet dernier, a annoncé que le cancer tue en Algérie plus qu’ailleurs. L’étude, appelée ‘Concorde’, clas-sant l’Algérie à la 31e place pour le taux de survie au cancer du sein, de la prostate et du cancer colorectal (cancer du colon), indiquant que les Algériens résistent mal au cancer et figurent aux côtés des Brésiliens et des Européens de l’Est, n’a pas laissé indifférents les spécialistes algériens. C’est le cas du professeur Kamel Bouzid, chef de service de l’Etablissement hospitalier spécialisé dans la lutte contre le cancer (EHS) Pierre et Marie Curie (CPMC), à Alger, qui prend la défense du système de santé en Algérie. Il rassure, dans une intervention reprise par l’APS, que la prise en charge des cancéreux a évolué en Algérie et que la présence de plusieurs établissements spécialisés y est pour beaucoup. Selon le professeur Bouzid, contrairement à l’étude en question, «le taux de survie des cancéreux en Algérie est identique à celui des pays occidentaux». Pour lui, le traitement thérapeutique existe, manière de dire que le système de prise en charge est très développé chez nous. «Les personnes atteintes de cancer bénéficient du même traitement dispensé dans les pays occidentaux, à savoir la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie», précisant que «le taux de survie des cancéreux est établi et évalué par une équipe médicale algérienne, en coordination avec l’Institut national de santé publique.»Â L’étude britannique, selon lui, «est infondée». Pour preuve, avancera-t-il, «le CPMC reçoit chaque année près de 3.500 malades et les résultats obtenus dans leur traitement sont les mêmes que ceux des centres anti-cancéreux américains et français.» Il cite ainsi le cancer du sein, qui peut être dépisté par mammographie, ce qui permet au malade d’atteindre une espérance de vie estimée à 75 ans en Algérie, «une espérance proche de celle des pays européens et du Japon», tient-il à souligner. Il a par ailleurs signalé que le taux de prévalence du cancer du sein est le plus élevé en Algérie avec 7.000 cas enregistrés chaque année, suivi par le cancer du col de l’utérus ainsi que celui de la vésicule biliaire. Pour ce qui est de l’homme, le cancer du poumon est le plus récurrent, dira-t-il, suivi par le cancer colorectal, le cancer de la vessie et celui de la prostate. La leucémie, le lymphome (cancer des ganglions) ainsi que les tumeurs cérébrales sont prévalents chez les enfants, ajoutera-t-il avant de souligner que «les résultats obtenus demeurent excellents du moment que 9 enfants atteints sur 10 guérissent.» Il fera toutefois remarquer qu’il existe une inégalité des chances de guérison des cancéreux des différentes régions du pays. «Pour atteindre le niveau de couverture assuré par certains pays, comme l’Allemagne où chaque habitant bénéficie d’une couverture de 4.000 dollars, il faut investir davantage d’argent, sachant que cette couverture est de l’ordre de 200 dollars en Algérie», poursuit-il. De son côté, le Pr Larbi Abid, chirurgien en oncologie à l’établissement hospitalier de Bologhine, a indiqué que le taux de survie des cancéreux en Algérie reflète les différences dans l’accès au diagnostic et au traitement, ainsi que les investissements dans le domaine de la santé d’un pays à l’autre. »Le malade algérien est souvent victime des ruptures de stocks de médicaments, de même que les cinq centres de radiothérapie du pays ne peuvent prendre en charge l’ensemble des malades nécessitant une radiothérapie», relève-t-il. Cette soudaine polémique revient en tout cas rappeler que, malgré ces résultats, il est plus que nécessaire de prendre réellement en charge les cancéreux en Algérie, qui cherchent souvent à se faire soigner à l’étranger au lieu de le faire sur le sol national. Tahar A.O.


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