Algérie

«Le printemps arabe est une manipulation médiatico-politique» Naoufel Brahimi El Mili, docteur en sciences politiques :



Les révoltes qu'ont connues des pays arabes en 2011 et qui ont conduit à ce qu'on a qualifié de «printemps arabe» et au départ de dirigeants ayant gouverné pour certains des décennies durant ne sont qu'une «manipulation médiatico-politique» aux lendemains inconnus, selon un expert en politique internationale, Naoufel Brahimi El Mili, cité hier par l'APS.
Tout en affirmant «ne pas regretter le départ d'aucun des dictateurs» suite à ces révoltes et admettre l'existence d'une mal-vie dans les pays concernés, l'expert, docteur en sciences politiques, a estimé que «si la thèse du complot n'est pas avérée, un dérapage contrôlé» par des forces étrangères a caractérisé les soulèvements populaires.
«Tout est parti de la manipulation d'une chaîne de télévision qatarie, relayée par les services secrets américains dont le seul objectif est de réaliser le Grand Moyen-Orient au détriment des aspirations réelles des peuples arabes», a indiqué cet expert mardi lors d'une conférence de presse à Paris.
Présentant son dernier ouvrage Le printemps arabe, une manipulation ', il a affirmé que cette stratégie a été appuyée par des «fetwas» prononcées par des personnalités religieuses, reconnaissant, par exemple, la mort «en martyr» de Mohamed Bouazizi, signe déclencheur de la révolution du Jasmin en Tunisie, alors que le suicide (l'immolation par le feu dans le cas de Bouazizi) est, a-t-il dit, proscrit dans l'Islam».
Pour le cas de l'Egypte, l'expert évoque un «deal» entre les Frères musulmans et le pouvoir en place avant le départ du président Moubarak. «Il était surtout question de négocier la libération de détenus politiques islamistes contre l'évacuation de la place Ettahrir, au Caire, par les manifestants», a-t-il analysé.
Dans la révolte libyenne, il y voit aussi la «main de l'étranger». «Le choix de Benghazi comme bastion du soulèvement n'est pas fortuit. Feu Kadhafi y a échappé à au moins une dizaine d'attentats», a ajouté l'expert, rappelant qu'une autre fetwa a été prononcée pour «légitimer» l'assassinat du leader libyen.
Interrogé sur l'Algérie qui «n'a pas bougé», il a rappelé que ce pays a déjà connu «son» printemps lors des évènements d'octobre 1988 et que la population a actuellement «d'autres préoccupations».
Evoquant le devenir des nouveaux gouvernements islamistes en place dans ces pays arabes, El Mili a affirmé que la vision «béate» d'un avenir démocratique dans ces pays arabes doit cesser. «Avec l'avènement de gouvernements islamistes dans ces pays, c'est l'heure de la désillusion pour les démocrates», a-t-il dit, estimant que les pays arabes concernés connaissent actuellement une «fin d'euphorie».
«Ces nouveaux gouvernements peuvent tenir le temps que tiendrait un coup de foudre», a-t-il ironisé, relevant que «les islamistes savent gouverner, en calmant les foules par exemple, mais ne savent pas gérer le quotidien de ceux qui les ont élus». Ce spécialiste reconnu du Maghreb est docteur en sciences politiques, professeur à Sciences Po Paris et consultant international des médias sur les pays arabes. Il intervient régulièrement sur les chaînes de télévision internationales.


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