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«Le Président prend l'Etat pour le parti»


«Le Président prend l'Etat pour le parti»
Au lendemain de l'annonce de la décision prise à son encontre, les commentaires sur cette réaction violente à l'égard de ce pilier du régime Bouteflika sont nombreux.La brutale éviction de Abdelaziz Belkhadem de son poste de ministre d'Etat, conseiller spécial à la présidence de la République, continue de susciter des interrogations. Au lendemain de l'annonce de la décision prise à son encontre, les commentaires sur cette réaction violente à l'égard de ce pilier du régime Bouteflika sont nombreux.Ce ne sont plus les raisons de ce limogeage qui captent le plus l'intérêt des observateurs, mais le procédé utilisé pour signer? la mort politique d'un homme jugé trop ambitieux. Les termes utilisés dans la dépêche de l'agence officielle APS traduisent, selon le diplomate et ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, une situation de fin de règne.Un scénario à la Bourguiba (ancien président tunisien). «C'est un indice très sérieux de l'incapacité du Président à diriger le pays. Nous sommes, je pense, entrés dans le scénario Bourguiba, lorsqu'il a été affaibli et atteint par la maladie. En général, dans des situations comme celle-là, le Président crée l'actualité par la crise.Ce sont des crises successives qui n'ont absolument rien à voir avec l'action du gouvernement. Elles ne portent pas sur des dossiers, des objectifs ou sur des problèmes économiques et sociaux, mais sur des individus, sur des luttes d'appareils, sur des crises du système», explique-t-il. C'est l'ère des règlements de comptes personnels et de luttes d'appareils. «Nous ne sommes pas dans la sanction de l'action d'un membre du gouvernement, mais dans des luttes et des positionnements d'appareils pour l'après-Bouteflika», ajoute-t-il.Bannissement et confusionLe rapprochement avec le scénario Bourguiba se traduit aussi, selon lui, par la création de mini-crises pour occuper la scène politique. «Ce sont des crises qui n'apportent absolument rien au pays. Parce que l'homme politique en Algérie, ou le dirigeant, n'est pas évalué en fonction de la gestion de son secteur, mais il est perçu en fonction de son groupe, de son clan et de ses ambitions. A la fin de sa vie, Bourguiba ne permettait aucune expression de velléité de succession.Et nous sommes dans le même scénario de fin de règne marqué par des crises de cette nature», souligne-t-il. Selon Abdelaziz Rahabi, l'annonce de la décision, telle qu'elle a été faite via l'APS, «est une synthèse du pouvoir de Bouteflika». «Il y a confusion entre l'Etat et le parti. Il (Bouteflika, ndlr) veut dire que je suis le chef de l'Etat, je suis le chef du parti et rien ne se fait sans moi. Même la dépêche de l'agence d'Etat introduit la confusion entre l'Etat et le parti.Il montre qu'il est le chef réel du FLN. Mais l'Algérie est dirigée par un gouvernement et non pas par un parti. Et Bouteflika en se comportant ainsi n'est plus le symbole de l'union de l'Etat et l'unité de ses institutions», estime-t-il. Le contenu de la dépêche de l'APS, ajoute-t-il, comporte même «un préjugé sur l'avenir de Abdelaziz Belkhadem.Tel qu'est rédigé ce communiqué ? il est très mal rédigé ? n'est pas un limogeage, c'est un bannissement», souligne-t-il. Pour l'ancien diplomate, ce comportement est celui d'un Président qui n'a pas de contre-pouvoir et qui est seul. «C'est cela le pouvoir personnel et l'expression de fin de règne. Il (Bouteflika) n'est pas en train d'instaurer son règne, il est en train de l'achever», conclut-il.





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