De Beni Douala à Douala

Les Camerounais se sont indignés et à juste titre de la mort d'Albert Ebossé, tué par des supporters algériens. Pour Abdelhak Goradia, l'Algérien sans papiers mort à Paris il y a quelques jours, étouffé dans un camion de police pendant son expulsion, on attend encore une indignation des Algériens.Un mort partout et si le pauvre Goradia qui devait être expulsé vers l'Algérie finira par rentrer chez lui mais dans une boîte, le malheureux Ebossé a aussi été rapatrié chez lui, au Cameroun. De Beni Douala à Douala, de ce village du Djurduja où ont été assassinés Matoub Lounès et Massinissa Guermah, à Douala d'où est originaire Ebossé, deuxième ville du Cameroun après la capitale Yaoundé. La ressemblance des noms est-elle un fruit du hasard ' Peut-être pas, les deux localités sont africaines. Les deux morts sont-elles équivalentes ' Presque.Ebossé a été tué par des supporters, Goradia est mort dans un camion de police par asphyxie, selon l'autopsie, pendant que les officiels des deux pays annonçaient la mort par crise cardiaque pour les deux. Les morts sont-ils équivalents entre eux ' Pas vraiment, Ebossé était plus célèbre que Goradia, ce qui explique qu'on parle plus du premier que du second, mais les destins se ressemblent, morts en exil, sur une terre qui ne les a pas vus naître, tués par la violence des locaux.Où vivre alors' Selon un récent rapport sur les situations conflictuelles, le Cameroun se situait à la place 113 sur 162 pays étudiés, l'Algérie juste devant, à la 112e et la France à la 42e. Il fait meilleur vivre à Paris qu'à Tizi Ouzou ou Yaoundé et qu'à Beni Douala ou Douala. Mais entre Douala et Beni Douala ' Grand débat pour les candidats au départ. On meurt dans n'importe quel pays quand on n'a pas de chance, on meurt souvent quand les violences deviennent banales. Finalement, ne reste qu'une question, pourquoi mourir ailleurs alors qu'on peut vivre partout '