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Le présent au passé



Le présent au passé
«Le passé éclaire le présent pour qui se soucie de l'avenir.» KurzasOn peut regarder une émission culturelle comme on visionne une série policière, quand le sujet abordé est une recherche passionnante qui révèle des choses ignorées.La chaîne franco-allemande Arte, quand elle n'essaie pas de susciter un printemps arabe en Iran ou quand elle n'alimente pas d'une façon militante, le fonds de commerce sioniste, participe activement, plus que d'autres chaînes à une véritable animation culturelle. Cette semaine, elle nous a gratifiés d'un précieux documentaire inédit, réalisé par Olivier Julien et Gary Glassman. Il consiste en une série de fouilles sur le site merveilleux de Pétra la perle du désert palestinien (Jordanie). Cette oasis qui a fleuri dans un environnement apparemment hostile, a connu une période de prospérité et une civilisation qui a brillé sur toute la région: en témoignent les imposants tombeaux taillés dans les massifs de grès qui entourent la ville. Il faut tout de suite s'apercevoir que ce sont des équipes de chercheurs américains qui mènent ce travail de fourmi pour comprendre les raisons de l'épanouissement et du déclin de cette cité. Situer grâce aux techniques de recherche modernes, les sites à fouiller, identifier les ossements trouvés dans les tombeaux et les classer, retrouver les outils utilisés par les artisans de ces monuments funéraires qui sont mieux préservés que le reste de la cité. Reconstituer le formidable réseau hydraulique, long de 200km qui alimente cette oasis peuplée, selon les estimations de 30.000 âmes à son apogée. Les chercheurs ont même salué le génie des concepteurs de ce réseau hydraulique qui ont trouvé la pente idéale pour préserver les fragiles conduites. Les chercheurs ont analysé les styles d'ornement des monuments funéraires: les artisans les ont empruntés aux Egytiens, aux Grecs et aux Romains: ce qui prouve que la cité était ouverte à toutes les civilisations méditerranéennes, car c'est le commerce des aromates qui a considérablement enrichi les habitants de cette civilisation de la veille de l'avènement du christianisme. Cette splendeur n'est pas sans évoquer l'opulence des cités de l'Italie de la Renaissance qui se sont enrichies du commerce des épices, après les campagnes des Croisades engagées contre les royaumes musulmans en déclin. Si les cités italiennes, Venise, Gênes, Naples ou Milan ont été victimes de la concurrence que se livraient le royaume de France, les Etats du Pape et l'Empire des Habsbourgs, la cité des Nabatéens, Pétra, succombera à la tentation romaine: elle est rentrée sans violence dans l'immense empire pour pouvoir élargir leur marché comme les monarchies du Golfe d'aujourd'hui se sont mises sous la protection des Américains. Cette mondialisation avant l'heure provoquera progressivement l'effacement de la cité qui sera complètement détruite par des tremblements de terre successifs car elle est située sur la faille qui sépare l'Asie de l'Afrique. Une chose est sûre: ce n'est pas l'exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique qui ruina Pétra! On ne saura jamais si comme Carthage ou certains émirats, Pétra, forte de sa puissance financière, a engagé des mercenaires pour déstabiliser les cités voisines ou susciter des printemps dits arabes. C'est la leçon que l'on tire de ce documentaire qui rend hommage avant tout, au travail des chercheurs américains qui n'ont pas hésité à reconstituer en Californie, un monument funéraire comparable à ceux de Pétra. Un exemple à méditer!


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