Algérie

«Le parti est l'otage d'enjeux entre les différents cercles du pouvoir»



«Le parti est l'otage d'enjeux entre les différents cercles du pouvoir»
-Comment expliquez-vous votre échec lors de la session du comité central (CC) du 24 juin ' Le groupe qui s'opposait à  Amar Saadani a été interdit d'accès à  la réunion du CC, alors que nous avions eu des assurances qui garantissaient notre participation à  la réunion. On nous avait également assurés que la commission de discipline allait geler ses activités jusqu'à nouvel ordre. Par la suite, tous ces engagements ont été bafoués par la direction du parti, qui a justifié sa volte-face en se drapant dans le fallacieux prétexte que certains d'entre nous n'avaient pas répondu aux convocations de la commission de discipline. Ce qui est totalement faux. Pour preuve, nous avons, Layachi Daadoua et moi-même, été entendus par la commission de discipline, dont le seul reproche était d'avoir travaillé en dehors des structures du parti. En clair, on nous reprochait d'avoir fait campagne pour le Président lors de la présidentielle, alors que nous étions mandatés par son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal. En réalité, le secrétaire général ne voulait pas prendre le risque de se voir mis en minorité. Il déclare à  qui veut bien l'entendre que la majorité du comité central le soutient ; dans ces conditions, pourquoi refuse-t-il d'organiser un scrutin à  bulletin secret ' Lors de la préparation du CC, Abdelaziz Belkhadem n'a pas caché qu'il avait obtenu des assurances au plus haut sommet de l'Etat …
Oui, c'est vrai, Belkhadem avait tenu des propos dans ce sens, mais je suis incapable de vous dire pourquoi les choses n'ont pas fonctionné comme il le prétendait. En réalité, le fond du problème est ailleurs. La grande question que les militants du parti doivent se poser est de savoir ce qu'on a décidé de faire du FLN. A-t-on décidé d'en faire une locomotive ou un parti réservé aux prédateurs ' Le parti a atteint un tel niveau de clochardisation que cela en devient alarmant. Le recours aux baltaguia en est l'exemple le plus frappant.   -Mais Abdelaziz Belkhadem avait, lui aussi, eu recours aux mêmes méthodes lors du comité central à  Sidi Fredj, en 2012… C'est faux. Les incidents avaient eu lieu à  l'extérieur. A l'intérieur de la salle de réunion, les militants s'opposaient sur des questions d'ordre politique. Il s'agissait de débats, peut-être houleux, mais qui n'ont jamais dépassé le cadre de la bataille d'idées.   -Le retour de Belkhadem a-t-il permis à  Saadani de s'allier à  tous ceux qui ne voulaient pas de lui ' Le problème que traverse le parti ne concerne pas uniquement la dualité qui existe entre Belkhadem et Saadani ; il est plus profond. Il concerne la perception qu'on a de notre formation politique. A l'époque, j'affirmais déjà qu'on voulait l'enterrer. Mais que les militants se rassurent, nous continuerons à  lutter. Il n'est pas question qu'on leur abandonne le parti.     -Vous réclamez la mobilisation des militants. Quelles formes peut prendre cette mobilisation ' Je refuse que les réactions militantes ciblent qui que se soit. J'appelle à  des réactions militantes légalistes. Je n'empêche personne de prendre la tête du parti, mais je réclame que cela se fasse par les urnes. Si Saadani obtenait la majorité des voix, je me rangerais derrière lui. -Pour le moment ,Amar Saadani est en poste jusqu'à la tenue du dixième congrès du FLN, en 2015… Aller au congrès en rangs dispersés serait suicidaire. Malheureusement, nous faisons face à  une direction qui refuse d'affronter les militants, de peur de devoir répondre à  certaines aberrations qui ont été décidées. Par exemple, comment la direction du parti peut-elle expliquer sa décision de s'associer avec le Parti des travailleurs (PT) pour demander des élections législatives anticipées, alors que le FLN est majoritaire au sein de l'APN ' Cela renseigne sur le niveau politique de ceux qui, aujourd'hui, pilotent le FLN.   -Le régime a-t-il encore besoin du FLN ' Oui. Il reste essentiel. Il est le seul à  avoir un ancrage national. Mais il n'en demeure pas moins que le parti est l'otage d'enjeux entre les différents cercles du pouvoir. C'est pour cela que j'estime que l'avenir du parti est directement lié à  son indépendance. Il ne faut plus qu'il serve d'alibi à  aucune force, qu'elle soit occulte ou apparente.   -Vous ne pouvez nier que la crise que traverse le parti n'intéresse personne au sein du pouvoir… Dans ces conditions, si le parti n'intéresse plus personne, arrêtons de nous immiscer dans ses affaires. Laissons le s'engager dans un débat d'idées. -Mais l'on assiste à  l'émergence d'une nouvelle force représentée par des affairistes qui ont fortement investi le champ politique… J'ai dit que ce mariage était incestueux. Il a toujours eu des effets désastreux sur le fonctionnement de l'Etat. Dans les pays arabes, de nombreux exemples existent pour rappeler les catastrophes qui ont été causées par un tel attelage. Regardez ce qui s'est passé en Egypte ou en Tunisie. Ce sont des cas édifiants de l'échec de l'association entre la politique et l'argent. Si l'on prend le cas du FLN, la mafia politico-financière a ouvert la voie à  toutes les dérives. Elle était déjà derrière la décennie noire. En outre, ceux qu'on désigne en Algérie comme des gens d'argent ne sont en réalité que des créanciers des banques.  
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