Algérie

Le parti d'en rire



Le parti d'en rire
Ghoul, Salhi, Tabbou et les autres. Sûr que cela ferait un bon titre de film'à l'Algérienne, ainsi diraient tous ceux qui voient en les paradoxes nationaux de sublimes particularités. Les trois personnages évoqués s'apprêteraient donc à créer leur propre formation politique. Le contraire aurait été étonnant, était-il imaginable qu'un politique comme l'ancien ministre des Travaux publics puisse se résoudre à sombrer dans l'anonymat d'un Parlement objet de railleries de prédilection du peuple et des médias, d'un Chawki Salhi qui depuis les premiers pas qui ont conduit sa vie d'activiste s'est imaginé, image allégorique oblige, casquette à la main et le doigt indiquant l'origine des maux du peuple, en train de faire une énième harangue ou enfin d'un Tabbou qui a été «le meilleur» d'entre ceux qui ont eu le privilège d'obtenir la confiance du chef, le seul'le Phoenix. Tout cela paraît peu probable d'autant plus que d'autres parties, celles-là même que d'aucuns jurent l'existence et affublent du titre d'officines d'un pouvoir occulte, sont obligées d'entrer dans la danse histoire de brouiller le jeu, sinon rien n'expliquerait brouhahas et tumultes dans des formations réputées exemplaires par la discipline de leurs militants à l'image du FLN notamment, du RND et depuis quelques temps le FFS. Pour ce dernier parti au moment même où il donne l'impression, aussi virtuelle soit-elle, de renaître de ses cendres. Un peu comme son'fondateur. Pour argumenter sa décision de quitter le PST, Chawki Salhi déclarait : «Je ne me reconnais pas dans cette dérive (du parti), avec d'autres je partage la volonté de sortir de la neutralisation mutuelle qui produit l'immobilisme'il faut que cesse une coexistence improductive faite de démêlés organisationnels et d'affrontements fractionnels'nos différences politiques s'exprimeront devant l'opinion populaire et se confronteront sur le terrain des luttes sociales et démocratiques. L'Histoire tranchera.» Formidable tranche de littérature devant laquelle même un cryptologue donnerait sa langue au chat. Quant à l'ami fidèle, le compagnon de route de Soltani, il semblerait que la meilleure des attitudes consiste, histoire de prendre de la hauteur et ce faisant se draper de la stature de l'homme parfait, à demeurer loin de toute cacophonie dans laquelle tombe forcément tout mouvement de dissidence. L'ancien numéro un du FFS semble, quant à lui, le plus prolixe dans le propos même si le déballage au demeurant très soft de son argumentaire a le mérite de dévoiler au grand jour un mode de fonctionnement que tous les cadres contestataires ont tu des décennies durant pour l'évoquer ensuite comme étant digne d'une loge maçonnique. «Nous ne voulons pas mener des batailles d'arrière-garde et de luttes d'appareils, nous sommes engagés à mener le combat dans le respect absolu des valeurs éthiques' réhabiliter l'ordre moral et intellectuel'Les contorsions et les déviations par lesquelles l'équipe dirigeante actuelle veut soumettre le parti à la logique totalitaire du pouvoir'» Les élections locales sont plutôt proches et chacune des personnalités politiques évoquées réfléchit forcément en termes d'avenir à long terme en les prenant comme jauge possible de leur crédibilité personnelle d'abord et à l'aune de la très courte période au cours de laquelle ils ont fait part de leur intention d'évaluer l'ancrage du parti qu'ils auront d'ici là créé. Le ministère de l'Intérieur n'étant plus regardant quant aux critères d'agrément des formations politiques, c'est à la limite une incitation faite à l'encan aux citoyens désireux de créer un parti et surtout rappeler à ceux encore structurés dans un parti mais dont la fidélité s'amenuise de jour en jour qu'il existe un cadre idoine de nature à mettre un terme à leurs doutes. Une multiplication des partis aide inévitablement à rendre plus que diffus le discours politique, éparpiller les forces des uns et des autres, faciliter le décompte des résultats lors des élections aussi rébarbative, chaotique et ridicule serait l'opération. Autrement dit, exception faite des formations dorénavant traditionnelles, affaiblir la scène. Plus trivialement il s'agit de diviser pour mieux régner et, sur cet aspect de la question, le consensus est général. Jusqu'à obtenir l'adhésion inconditionnelle des partis réputés d'opposition même. Alors tant qu'à faire, le jour «J», celui des élections autant prendre le parti d'en rire.
A. L.
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