Algérie

Le Mondial est fini, passons aux choses sérieuses


Le Mondial est fini, passons aux choses sérieuses
Allons à contresens de la fameuse tirade lancée à la fin des années 1970 par l'illustre journaliste Hachemi Souami. Déclinant le journal télévisé, en version française à l'ex-RTA, M.Souami qui parlait des activités gouvernementales a trouvé cette phrase sublime pour enchaîner sur le sport: «Passons maintenant aux choses sérieuses.» Il y a des phrases comme ça que le temps n'oxyde pas et qui marquent l'Histoire comme le «Je vous ai compris» de De Gaulle» en 1958, à Alger, ou le fameux «Hagrouna, hagrouna, hagrouna!» du président Ahmed Ben Bella. Le «passons aux choses sérieuses» en fait partie. La phrase a eu une portée incroyable à une période où il n'était pas gratuit de s'exprimer librement. C'était Boumediene au gouvernail. Le doigt sur la couture du pantalon et que je ne vois qu'une seule tête! Plus de 40 ans plus tard, la parade n'est plus la même. En ce juillet 2014, le rideau est tombé sur la Coupe du monde, consacrant la Mannschaft allemande championne du monde pour une 4e fois. La balle ronde qui berçait tout un peuple en transe, c'est fini, passons maintenant aux choses sérieuses. Et nous voilà en 2014, à contresens de M.Souami. Car dans l'Algérie de 2014 tout va bien: la paix, les longues nuits ramadhanesques, le shor familial au bord de la plage, les promesses de logement et d'augmentation, de salaires, la qualification historique de l'Equipe nationale aux 8es de finales de la Coupe du monde, la défaite victorieuse contre les Allemands, tout va bien, hormis ce qui va mal: l'industrie nationale et l'agriculture invalides, le chômage galopant des diplômés, l'incapacité chronique du gouvernement à trouver une solution à la grave crise de Ghardaïa qui vit dans la peur depuis huit mois, l'inaptitude du gouvernement à réguler le marché des fruits et légumes pendant un seul mois, son impotence à en finir avec le marché informel qui mine l'économie nationale, son impuissance à attirer des investisseurs étrangers, à réaliser un seul chantier dans les délais, à protéger l'argent public des mains des corrupteurs et à organiser le ramassage des déchets ménagers qui jonchent plusieurs quartiers de la capitale en ce mois de piété. Plus inquiétant encore, le pays importe sa nourriture, ses habits et ses médicaments. La ressource première du pays est constituée par les revenus du pétrole et peut-être demain par ceux du gaz de schiste. Ni l'agriculture, encore moins l'industrie ne répondent aux besoins internes. C'est dans ce sens que les choses sérieuses vont commencer pour le gouvernement. Le foot n'occupe plus la galerie.


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