Algérie - A la une

Le «modèle» économique suivi à ce jour est «arrivé à son terme»


? L'expert en économie et ancien directeur du commerce extérieur au ministère du Commerce, Mouloud Hedir, a plaidé, hier, pour l'introduction de transformations « profondes » au niveau du commerce extérieur de l'Algérie et des accords de libre-échange qui la lient avec des zones économiques et commerciales régionales. Cette vision n'est pas tout à fait nouvelle.Elle fait débat depuis plusieurs années déjà, notamment, à travers des appels à maintes fois répétés de la part d'économistes et d'experts, plaidant pour la révision des accords avec l'UE et la GZALE.
Mais pour Mouloud Hider, qui s'est confié hier à l'APS, la question dépasse le cadre de la révision stricto sensu des accords susmentionnés. Il estime, en effet, à ce propos, que des transformations profondes devraient être introduites graduellement «aussi bien pour la structure des échanges que pour les relations bilatérales avec les principaux partenaires en plus des accords commerciaux qui nous lient à certaines zones économiques ».
Un diagnostic qui s'appuie sur un état des lieux qui fait ressortir des déficits importants enregistrés ces dernières années allant de 20 à 30 milliards de dollars par an. Pour M. Hedir, des changements sont plus que jamais impératifs dans le domaine du commerce extérieur, car la situation « va rapidement devenir intenable ». Pour étayer son analyse, il cite l'exemple de la Chine, en tant que premier fournisseur de l'Algérie, en faisant remarquer que ce cas illustrait parfaitement cette nécessité de changement de la structure des échanges commerciaux.
L'expert a ainsi mis en exergue le niveau du déficit commercial avec ce pays asiatique qui oscille entre 6 à 8 milliards de dollars/an, dépassant à lui seul le déficit global du commerce extérieur. Cet état de fait est valable aussi, a-t-il signalé, avec les deux autres principaux partenaires commerciaux de l'Algérie, à savoir l'Union européenne et les Etats-Unis.
M. Hedir ne cache pas à ce propos son soutien de l'engagement du gouvernement à opérer une évaluation profonde des accords de libre-échange existants, mais il estime, néanmoins, que cette initiative ne devrait pas être « confinée » dans l'administration, mais doit donner lieu à un «large débat » et avec une « plus grande transparence». Car, a-t-il estimé, « la remise en ordre et la cohérence de notre politique commerciale extérieure sont une nécessité aussi bien pour les acteurs économiques internes que pour l'ensemble de nos partenaires extérieurs », a-t-il relevé.
De plus, le contexte actuel marqué par la progression de la pandémie du coronavirus, avec ses retombées sur les échanges bilatéraux et les flux de transports impose, selon lui, une autre vision quant au devenir de l'économie nationale qui passe impérativement par la diversification de l'appareil de production nationale. « Dans l'immédiat, la question qui se pose est celle de la résilience de notre système économique et de sa capacité à faire face à cette crise sans précédent avec le minimum de dégâts possible», a-t-il soulevé. Cette crise (coronavirus) «confirme la faiblesse de notre système de production, qui privilégiait pendant des années durant le recours à l'importation pour répondre aux besoins de la population. (...) C'est cette politique structurelle qu'il convient de remettre en cause pour la réorienter dans le sens de l'appui à la production locale», a-t-il en outre relevé.
A une question sur l'impact de cette épidémie sur l'économie algérienne, Mouloud Hedir a fait observer qu'il était encore tôt d'évaluer les conséquences de cette crise sanitaire, tout en invitant les pouvoirs publics à tirer les leçons de cet événement brutal qui vient de s'abattre sur l'économie mondiale en vue de mettre en ?uvre des réformes profondes.
Dans cette optique, l'expert a insisté sur la nécessité d'engager des réformes qui doivent être «acceptées par la population», étant donné que l'état «d'urgence» économique actuel commande, d'après lui, le recours à des mesures «exceptionnelles» qui devraient être prises dans tous les secteurs d'activité. «La diversification de l'économie n'est plus une simple option, c'est une obligation que ce phénomène du coronavirus va sans doute imposer encore plus vite», a tenu à souligner M. Hedir, persuadé que le «modèle» économique suivi à ce jour est «arrivé à son terme».
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