Algérie

Le jeûne pénible des ouvriers Ramadhan à Aïn Defla



Loin des foyers ou des bureaux climatisés, les ouvriers de chantier, agriculteurs et ouvriers boulangers jeûnent et travaillent plusieurs heures dans des conditions pénibles à Aïn Defla.Malgré la forte chaleur, ces personnes observent scrupuleusement le jeûne, fournissant des efforts soutenus, tout en sachant que le travail pendant le Ramadhan est bénéfique pour la santé et raffermit la foi religieuse. «Les trois premiers jours ont été difficiles, mais j'ai tenu le coup», reconnaît Djamel, maçon, activant dans l'un des chantiers à Aïn Defla. «Inutile de vous dire que le travail est trop pénible pendant le Ramadhan. Jeûner et travailler est très contraignant surtout lorsque le mois sacré coïncide avec la période estivale», confie-t-il. «Le travail dans la construction constitue une charge physique supplémentaire pour une personne qui jeûne», renchérit un autre maçon, qui poussait une brouette remplie de gravier, tout en ajoutant que la satisfaction est plus intense quand le travail est accompli dans ces conditions difficiles. Selon lui, il arrive que des travailleurs se sentant mal interrompent le travail et rentrent chez eux, mais les cas sont rares. «C'est dur, mais il faut tenir le coup et se surpasser», assurent-ils.
Dès 9 heure, le soleil commence à taper
Le même constat relatif à la pénibilité du travail durant le mois de Ramadhan est relevé chez les personnes travaillant dans l'agriculture. Dans les champs fertiles de la région d'El Hoceinia, on s'active pour terminer la récolte de blé avant Aïd El Fitr. Il est 13h et les jeunes ont terminé leur journée de travail. Avant de rentrer chez eux, ils ont pris le soin de se rafraîchir et de se reposer un peu sous un arbre. «Il est clair que pour éviter la chaleur de la journée, nous devons commencer tôt le travail, vers 5h30. Tout dépend du rythme de travail, mais généralement nous terminons avant 14h», explique Ali, dont la tâche consiste à remplir les sacs de blé et les ramasser après le passage de la machine. «Dès 9h, le soleil commence à taper sérieusement et les petites pauses que nous faisons s'avèrent insuffisantes», affirme-t-il, ajoutant qu'il n'y a pas d'autre alternative que de «concilier» travail et exigence religieuse.
C'est dans l'épreuve que le Ramadhan prend tout son sens. Pour aâmi Abdelkader, vieux moissonneur qui ne travaille plus à cause de son âge avancé, «le jeûne acquiert encore plus de valeur pour Dieu dans des conditions difficiles nécessitant patience, endurance et surpassement». Le fait de rester des heures sans rien faire pendant le Ramadhan est lassant et donne l'impression que le temps passe lentement, affirme-t-il, reconnaissant toutefois que s'adonner aux travaux pénibles pendant cette période demande plus d'efforts et de volonté. Il affirme que le caractère pénible du moissonnage fait que les jeunes se tournent de plus en plus vers les métiers du secteur tertiaire qui sont moins contraignants sur le plan physique et mieux valorisés sur le plan social.
Beaucoup de fruits au s'hour pour éviter la déshydratation. Pour aâmi Abdelkader, même si la soif ne peut être vaincue en ces journées caniculaires, il n'en demeure pas moins qu'un bon s'hour permet d'éviter une déshydratation pour quelqu'un qui travaille six ou sept heures sous un soleil de plomb. La pastèque, les pêches et aussi beaucoup d'eau permettent de tenir au moins la demi-journée, affirme-t-il, «après, c'est la volonté de se surpasser et les capacités morales de tout un chacun qui font la différence», assure-t-il.

«Il est clair que travailler sous 220° est trop dur»
Pour lui, c'est la chaleur et, par ricochet, la soif, qui est la plus difficile à surmonter durant le Ramadhan, faisant remarquer que certains ouvriers marchent des kilomètres en cours de journée. Préparateur de pain, «l'enfer» au quotidien, point de mire des citoyens en quête de baguettes chaudes, la boulangerie est l'autre lieu où travailler pendant le mois de Ramadhan est loin de constituer une sinécure. Si entrer dans une boulangerie par jour de canicule constitue une épreuve, se rendre du côté des fours où la température dépasse les 200° relève presque de l'acte suicidaire.
Une vague insupportable de chaleur envahit toute la boulangerie dès que l'un des ouvriers procède à l'ouverture du four en vue d'y mettre le pain, surtout lors des journées de canicule. «On prépare le pain la nuit et la cuisson est programmée pour le lendemain matin vers 5h», explique Ahmed, gérant d'une boulangerie à Aïn Defla. «Il est clair que travailler sous 220° est trop dur pour nous car nous dépensons beaucoup d'énergie», ajoute-t-il, faisant remarquer qu'à partir de 14h, «c'est l'épuisement». Pour l'un de ses auxiliaires, il est impossible d'aller «au-delà d'une certaine limite» de peur d'une déshydratation synonyme d'une obligation de rompre le jeûne. Celui-ci avoue se «régaler» le soir pour compenser la dureté de la journée et pouvoir combattre l'excès de fatigue. Dès l'appel du muezzin, il affirme se «ruer» littéralement sur une bouteille d'eau fraîche, ne se mettant à table pour manger qu'une demi-heure après.
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