Algérie

Le grain de sable Edito : les autres articles



Lorsque Bouazizi s'immola par le feu en Tunisie, il y a une année, personne ne pensait que cet acte allait allumer un énorme brasier révolutionnaire et faire chuter une des plus féroces dictatures arabes. Et pourtant, quelques mois après le martyre du marchand de quatre saisons de Sidi Bouzid, l'histoire changea de cours dans cette contrée maghrébine pour y faire entrer la démocratie par la bonne porte. Aucun Algérien de sensé ne pensait, à ce moment-là, qu'un scenario de ce type puisse arriver dans son pays, tant par le passé il y eut des Bouazizi, leurs gestes désespérés restés sans conséquence et tant le palais de Carthage ne ressemblait en rien à la citadelle (inexpugnable) du pouvoir algérien. La frayeur, qui s'était emparée des dirigeants algériens au moment des émeutes «du sucre et du café», ne fut en réalité qu'une feinte diabolique : elle devait donner l'illusion d'un régime sensible aux pulsations de sa société et prêt à se remettre en cause et à reformer le pays.
Cette frayeur fut en fait le point de départ d'une «stratégie de riposte» globale du pouvoir devant combiner des réponses internes et des attitudes pour l'extérieur du pays. En allant discourir devant la commission Bensalah, un pan de la classe politique et de larges franges de la société civile tombèrent dans le piège. Leur participation au dialogue les neutralisa, quelque part, ne serait-ce par rapport à tous ceux qui, au sein des coordinations citoyennes choisirent les mêmes armes que les Tunisiens, c'est-à-dire le recours à des sit-in et à des rassemblements de rue. Le temps précieux ainsi gagné par le régime sur l'ambiance contestatrice en Algérie et dans le Monde arabe devait permettre à son administration de tricoter sur mesure les textes de loi à présenter devant la session d'automne du Parlement.
Parallèlement, la diplomatie algérienne, par des silences, des attitudes ambiguës et des prises de position incompréhensibles (de prime abord), s'attela à discréditer devant l'opinion publique algérienne les révolutions en cours en Tunisie, en Egypte, en Libye, en Syrie, au Yémen' Un certain discours politico-médiatique développa le concept de «spécificité algérienne» dans la tourmente du Monde arabe pour déconnecter le pays des autres Etats de la région et dédouaner ainsi le pouvoir algérien de tous les maux qui gangrènent l'Algérie.
La volonté du régime est mise à nu aujourd'hui après le vote mascarade du Parlement de «la réforme Bouteflika» : il s'agit pour lui d'échapper définitivement au vent de révolte faiblissant dans le monde arabe et de retomber sur ses pieds à la faveur des élections législatives de mai 2012. Dans ses laboratoires est expérimentée une «option islamiste modérée», concept en vogue dans le Monde arabe et en Occident. Un grain de sable toutefois, la santé du président de la République. Il pourrait bloquer toute la machine. Le récent incident de Laghouat du «discours lu» et «du discours écrit distribué» montre que ce grain de sable est réel, qu'il tourne toujours et qu'il est guetté et traqué par l'entourage du chef de l'Etat.


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