Algérie - A la une

Le gouvernement veut imposer des autorisations



Pour la première fois depuis l'éruption du Hirak, le 19 février 2019, le ministère de l'Intérieur exige, désormais, une autorisation pour l'organisation des marches du mouvement populaire. Dans un communiqué rendu public hier, le département de Kamel Beldjoud se plaint des changements d'itinéraire imposés par les manifestants et dénonce "les désagréments" que cela "cause aux citoyens" et exige "une demande d'autorisation".Il renvoie ainsi les dizaines de milliers de manifestants à la constitution qui impose une demande préalable pour l'organisation d'une marche. Selon la loi, les citoyens qui demandent l'autorisation doivent préciser l'heure du début de la manifestation, la fin et l'itinéraire de la marche de celle-ci. Le ministère de l'Intérieur veut ainsi identifier des organisateurs éventuels des marches hebdomadaires.
Dans sa missive, le ministère de l'Intérieur rappelle que les marches "doivent répondre à la loi" pour "vêtir un caractère légal". Comme première réaction, le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, Saïd Salhi, accuse le pouvoir "de demander au peuple l'autorisation de marcher".
"Le pouvoir est démasqué, sa volonté d'en finir avec le Hirak et d'interdire les marches pacifiques est révélé au grand jour", a écrit le militant dans un communiqué. Des activistes et de simples citoyens rappellent que "si on avait demandé l'autorisation, Bouteflika serait toujours au pouvoir". Pour d'autres, ce communiqué du ministère de l'Intérieur vise carrément à "en finir avec le Hirak". Car, avant de demander l'autorisation pour l'organisation de marches populaires, les autorités ont tout fait pour casser la dynamique citoyenne.
A commencer par des arrestations des manifestants. Dans certains cas, la répression se manifeste par une brutalité policière. C'était le cas vendredi dernier lorsque des manifestants, y compris des personnes âgées, ont été bastonnés par des policiers en civil, comme le montrent différentes vidéos postées sur les réseaux sociaux. Cette répression a réussi à éliminer les marches des mardis. Mais pas celles des vendredis.
En plus de la répression, les autorités ont utilisé d'autres moyens visant à affaiblir les manifestations populaires. Elles diffusent régulièrement des vidéos de personnes suspectées de projeter des attentats lors des marches populaires. Mais cela ne semble pas avoir eu un quelconque impact sur les manifestations puisque malgré le mois du Ramadhan et la chaleur, les manifestants étaient très nombreux vendredi dernier à avoir arpenté les rues de différentes villes du pays pour réclamer un changement radical du régime politique.

Ali BOUKHLEF
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)