Algérie - A la une

L'entêtement du pouvoir tue les propositions extra muros



À l'image d'une bonne partie de l'opposition, des acteurs du Hirak s'apprêtent à formuler des propositions de sortie de crise. En face, aucun écho, le pouvoir poursuit sa feuille de route.Après plus de 116 marches de vendredi depuis plus de deux ans, le fossé se creuse entre le pouvoir et l'ensemble des oppositions. Alors que des acteurs du mouvement populaire, des partis de l'opposition et d'autres personnalités tentent de formuler des propositions de sortie de crise, le pouvoir s'arcboute sur sa seule feuille de route : l'organisation d'élections législatives le 12 juin prochain. Malgré le rejet d'une bonne partie de la classe politique et des milliers d'Algériens qui continuent de manifester toutes les semaines, le pouvoir n'en démord pas.
Comme lors de l'élection présidentielle de décembre 2019 ou du référendum sur la révision de la Constitution le 1er novembre 2020, il reste droit dans ses bottes et ne se soucie pas des critiques. Pourtant, depuis le début des manifestations populaires de février 2019, les initiatives politiques n'ont pas manqué.
Dès le début de la crise, des parties au sein du pouvoir comme celles issues des oppositions ont formulé des idées. Si celle qui consistait à prolonger le mandat d'Abdelaziz Bouteflika d'une année faisait consensus contre elle, puisqu'elle émanait de son frère Saïd, les autres suggestions n'avaient pas trouvé écho.
Il s'agit de la plus consensuelle qui consistait, notamment, à organiser une conférence de dialogue national et l'ouverture d'une période de transition. Il est vrai que l'idée avait différents aspects ; certains acteurs, ayant peur d'un "vide institutionnel", souhaitaient l'élection rapide d'un président de la République qui devait avoir la possibilité d'organiser la transition.
C'était l'idée d'Ali Benflis et de ceux qui ont participé à la Conférence de Aïn Benian. D'autres, comme les partis du Pacte pour une alternative démocratique (PAD), ont plutôt souhaité un changement radical à travers un processus constituant. Des partis comme le RCD, le PT et l'UCP ont même décrit, dans le détail, les mécanismes qui devaient permettre de désigner les instances de transition. Mais toutes ces propitions ont été rejetées.
Le pouvoir a préféré jouer sur la peur d'un chaos dans le cas d'un vide institutionnel. Il a alors forcé le passage pour imposer une élection présidentielle qui s'est déroulée dans des conditions difficiles, le 12 décembre 2019.
Le faible taux de participation annoncé (39%) et le nombre élevé de bulletins blancs confirment que les Algériens avaient rejeté en masse cette élection. C'était encore le cas lors du référendum constitutionnel. Le résultat était le même.
Récemment encore, des personnalités ont lancé l'idée de la nécessité de reporter les élections législatives. Zoubida Assoul est allée jusqu'à proposer l'organisation d'une élection présidentielle anticipée, doublée d'une conférence de dialogue national.
Mais ces propositions n'ont pas trouvé écho auprès des autorités qui continuent de jouer en solo. Elles maintiennent le cap des élections législatives du 12 juin. Quitte à connaître un nouveau record d'abstention.

Ali BOUKHLEF
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)